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Plante indigène, cultivar, nativar : quelles sont les différences ?

Plante indigène, cultivar, nativar : quelles sont les différences ?

Comment s'y repérer dans le vocabulaire botanique ? : espèces indigènes et variétés horticoles à la loupe

Sommaire

Mis à jour le 10 Janvier 2024  par Pascale 6 min.

Helleborus foetidus et Helleborus x iburgensis ‘Barolo’. Deux hellébores qui, au premier regard, se différencient par la couleur de leur floraison, l’une offrant des fleurs vert pâle bordées de pourpre, l’autre rouge lie-de-vin. Pourtant, derrière ces deux « simples » appellations se cachent bien d’autres différences que les jardiniers un brin aguerris savent déceler à travers la typographie. En effet, derrière ces deux hellébores se dissimulent deux espèces différentes, dont une indigène et une variété horticole, autrement appelée cultivar, issue de l’hybridation… »Indigène », « cultivar », « hybridation »… Je vous ai perdu avec ces termes purement botaniques ? Sachant que je pourrai ajouter à la liste l’anglicisme « nativar » qui commence à émerger…

Faisons donc le point sur ces différentes espèces et variétés de plantes qui ornent nos jardins pour apprendre à faire la différence entre plante indigène, cultivar et nativar. Et surtout, essayons de comprendre leurs intérêts pour la pérennité de nos écosystèmes et le maintien de la biodiversité. 

Pour aller plus loin :

Difficulté

Une plante indigène, c'est quoi au juste et quels avantages à la planter ?

Une plante indigène est une espèce végétale qui se développe naturellement dans une région ou un écosystème sans aucune intervention de l’homme. Sa présence à tel ou tel endroit est le résultat d’un processus évolutif de plusieurs millénaires, ce qui la rend particulièrement adaptée à l’environnement dans lequel elle pousse.

Une plante à l’état de nature

Une plante indigène est donc une plante autochtone qui n’a pas été modifiée. Elle est restée dans son état naturel et est présente à l’état sauvage dans un milieu et une zone climatiques donnés. Les plantes indigènes poussent donc spontanément sur les bords des chemins ou les rives des cours d’eau, sur les talus, dans les haies… ou encore reprennent leur place dans les jardins abandonnés, suivant leurs besoins culturaux. Elles se reproduisent par semis spontanés ou se sont naturalisées dans un espace défini, sans intervention humaine.

Bien évidemment, une plante indigène dans le sud de la France ne le sera pas dans le nord. En effet, les plantes indigènes se définissent par rapport à des régions biogéographiques avec leurs caractéristiques écologiques, géologiques, climatiques…

Les avantages à planter des indigènes

Souvent appelées « plantes sauvages » ou « plantes natives », les plantes indigènes ont aujourd’hui le vent en poupe. Il faut dire qu’elles ont un rôle crucial dans la préservation de la biodiversité et multiplient les avantages pour les écosystèmes locaux. Planter des espèces indigènes dans son jardin, c’est donc faire un grand pas pour la préservation de l’environnement. Surtout avec l’avancée du réchauffement climatique. Mais pour quelles raisons me direz-vous ?

  • Les plantes indigènes sont à la base de la chaîne alimentaire locale et offrent nourriture et abri à diverses espèces animales, notamment les insectes pollinisateurs, les oiseaux, certains petits mammifères, quelques reptiles ou batraciens… Cette interaction entre plantes et les animaux favorise la pollinisation, la dispersion des graines et la survie de nombreuses espèces.
  • Les plantes indigènes font preuve d’une certaine résilience face aux maladies locales et aux parasites. Ce qui permet de diminuer l’utilisation de produits nocifs pour l’environnement.
  • Par leur adaptation naturelle à leur environnement, les plantes indigènes ne demandent pas ou peu d’entretien, d’arrosages, de fertilisation, donc moins de travail. Elles sont en outre plus rustiques et plus résistantes face aux conditions climatiques spécifiques comme la sécheresse.

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    L’aubépine (Crataegus) est une plante indigène très répandue dans nos paysages ruraux et utile à la faune locale

Les plantes indigènes sont donc des éléments clés des écosystèmes locaux. Elles aident à maintenir l’équilibre écologique et à préserver la richesse et la diversité des écosystèmes. 

Pour en savoir plus et découvrir quelques espèces indigènes :

Mais, en vrac, on peut citer parmi les plantes indigènes, le coquelicot (Papaver rhoeas), le genêt (Cytisus scoparius), la digitale pourpre (Digitalis purpurea), l’aubépine (Crataegnus), le sureau (Sambucus)… et notre hellébore fétide qui pousse naturellement en lisières de bois ou dans les clairières.

Comprendre ce qu'est un cultivar et ses caractéristiques

Petite leçon d’étymologie pour commencer : le mot « cultivar » est un mot issu de la contraction de « cultivated » et de « variety », ce qui signifie qu’un cultivar est une plante sélectionnée et cultivée par les hommes par rapport à certaines de ses caractéristiques. Ces cultivars peuvent naître de croisements, de sélections, d’hybridations, de mutations naturelles… réalisés dans un but précis. Un cultivar a donc été créé et obtenu de manière artificielle et intentionnelle, grâce à la main de l’homme qui est intervenu à un moment donné. Ensuite, il est cultivé pour des caractéristiques précises comme la couleur des fleurs ou du feuillage, le parfum de la floraison, la forme des feuilles, la taille de la plante, sa rapidité de croissance, sa rusticité, son adaptation à des conditions climatiques… pour une plante d’ornement. Quant aux plantes potagères, elles sont aussi sélectionnées et hybridées pour leur productivité ou leur rentabilité, leur résistance aux maladies, la saveur de leurs fruits ou légumes… Un cultivar est donc une variété horticole qui s’oppose aux variétés botaniques.

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Agapanthus africanus et deux de ses cultivars, Agapanthus ‘Back in Back’ et ‘Album’

Aujourd’hui, les principales plantes de jardin ornementales comme les rosiers, les camélias, les rhododendrons, les hortensias…mais aussi les plantes vivaces, les bulbes, les arbustes… sont des cultivars obtenus par des sélections rigoureuses. Et leur multiplication se fait essentiellement par bouturage ou division. En effet, la plupart des cultivars ne se reproduisent pas par graines, car le semis ne conserve pas les caractères particuliers.

Comment reconnaître un cultivar ? Pour comprendre, prenons l’exemple de la spirée japonaises (Spirea japonica) ‘Little Princess’, un adorable petit arbuste à la floraison rose tendre. C’est un cultivar issu de Spirea japonica, développé par l’homme pour sa floraison abondante, mais certainement aussi pour sa taille modeste et son port étalé et dense. Ici, Spirea japonica, toujours écrit en italique et en latin (ou grec latinisé) désigne le genre (Spirea avec majuscule) et l’espèce (japonica sans majuscule). Quant à ‘Little Princess’, c’est la variété (c’est-à-dire un cultivar) toujours désigné avec un terme français, anglais ou japonais, écrit en écriture romaine, avec majuscules et entre guillemets simples.

Comment le nativar s'imbrique entre plante indigène et cultivar ?

Le nativar est un anglicisme, issu de la contraction de « native » et de « cultivar ». En d’autres mots, un nativar est une sélection horticole d’une plante indigène. Il peut être né d’une variation naturelle et génétique, découverte dans la nature, ou bien d’une sélection artificielle à partir de qualités horticoles. Les nativars conservent ainsi les qualités et les caractéristiques des plantes indigènes tandis que certains aspects sont améliorés. Ainsi, un nativar offrira des fleurs plus riches en nectar que la plante indigène, sa croissance sera plus rapide, ou sa résistance aux maladies supérieure... Ils offrent des avantages esthétiques, de résistance, de croissance par rapport à leurs homologues sauvages, tout en gardant leur adaptabilité et leur résilience.

D’un point de vue botanique, les nativars ne sont pas purement des plantes indigènes puisqu’ils ne poussent pas naturellement sous cette forme. Pour autant, ce ne sont pas des cultivars, car ils n’ont pas été totalement introduits.

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La bruyère Calluna vulgaris ‘Bonita’ peut être considérée comme un nativar de la bruyère que l’on rencontre dans nos campagnes et landes

Ces nativars sont en général parfaitement adaptés à l’écosystème local et peuvent favoriser la biodiversité en attirant des insectes pollinisateurs indigènes tels que les abeilles ou les papillons.

Pour vous aider à comprendre, prenons l’exemple de l’érable champêtre (Acer campestre). C’est un arbre originaire d’Europe de l’Ouest donc indigène et très commun dans nos campagnes. C’est en outre un arbre intéressant pour ses qualités ornementales, mais aussi ses propriétés mellifères. C’est donc un arbre qui favorise la biodiversité. On trouve aujourd’hui l’Acer campestre ‘Carnival’, un érable champêtre de petite taille au feuillage panaché blanc et rosé. Il s’agit littéralement d’un nativar qui a gardé la robustesse et la rusticité de son parent indigène, tout en présentant des caractères spécifiques en termes de feuillage.

Plante indigène, cultivar, nativar...comment les distinguer et lesquels planter ?

À présent que vous faites bien la différence entre plante indigène (ou native), cultivar et nativar, il est important de savoir les distinguer à l’achat. Olivier vous donne quelques éléments de réponse dans son article intitulé Règles et nomenclatures botaniques, comment s’y retrouver ?

Pour faire simple, un cultivar ou un nativar est désigné par des guillemets simples qui complètent le genre et l’espèce en italique.

En revanche, rien ne distingue vraiment les plantes indigènes que ce soit sur notre site ou chez un pépiniériste. L’Office français de la biodiversité, établissement public dédié à la sauvegarde de la biodiversité, a toutefois créé la marque ou le label « Végétal local » qui répertorie 704 végétaux indigènes, disponibles dans 23 régions biogéographiques. Sinon, il vous reste à arpenter la campagne autour de chez vous avec un regard acéré, et surtout une bonne application de reconnaissance botanique sur votre portable pour identifier ce qui y pousse naturellement. Vous pouvez aussi laisser faire la nature, et en particulier le vent, les oiseaux, les fourmis… qui pourraient disséminer quelques graines dans votre jardin.

Et dans votre jardin, quelles plantes privilégier ? Les indigènes, les cultivars ou les nativars ? Tout simplement les trois. En effet, toutes ces plantes ont un impact positif sur la planète, le climat, les sols… Elles fixent le carbone, elles stabilisent les sols et préviennent l’érosion avec leur système racinaire, elles facilitent l’infiltration de l’eau et réduisent le ruissellement, surtout dans les régions touchées par la sécheresse et les inondations. Enfin, toutes réduisent la pression sur les espèces menacées en fournissant le gîte et le couvert à la faune. Toutes aident à maintenir un équilibre écologique.

Alors certes, la plantation de cultivars répond souvent à des considérations esthétiques ou à un besoin (se cacher du voisinage, se protéger du vent, camoufler une façade abîmée, couvrir une butte…) mais ils jouent aussi leur rôle en termes de biodiversité, même si leur nectar est moins abondant, leur végétation moins dense, leurs baies moins appétissantes… Les cultivars offrent ainsi une grande variété esthétique (idéale contre l’ennui et l’uniformité) et une adaptation à des conditions spécifiques, entre autres climatiques.

Quant aux nativars, ils sont peut-être plus adaptés à l’écosystème local que les cultivars. Mais pour autant, certains peuvent aussi s’éloigner significativement de leurs ancêtres indigènes. 

Donc, au jardin comme ailleurs, vive la diversité ! L’essentiel est surtout de multiplier les espèces fleuries, ligneuses, herbacées... pour offrir une alimentation variée tant aux insectes qu’à leurs larves, mais aussi des lieux de nidification pour les oiseaux, des refuges pour les petits mammifères. Et de vous faire plaisir avec des floraisons doubles (où les insectes ne peuvent pas pénétrer), des feuillages panachés ou colorés, des arbustes exotiques… moins utiles à la faune locale, mais bienfaisants pour votre moral.

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