Pommiers : pourquoi choisir des variétés anciennes et locales ?

L’origine des pommiers

Les pommiers (Malus domestica) sont des fruitiers de la famille des Rosaceae (poiriers, prunier, cerisiers, mais aussi rosiers, spirées…). Ils sont originaires des zones tempérées de l’hémisphère nord.

Ce sont des plantes cultivées depuis des siècles. Environ 60 espèces de Malus, qu’elles soient ornementales ou fruitières, existent dans la nature.

En France, à partir des années 30, les pommiers anciens ont subi les conséquences du progrès technique, mais aussi les campagnes d’arrachage des pommiers à cidre, officiellement pour lutter contre l’alcoolisme en milieu rural. L’exode rural a aussi participé à l’abandon de certains vergers. Les variétés locales ont alors commencé à disparaître.

Au fil du temps, de nombreuses sélections et croisements ont été pratiqués, afin d’obtenir des cultivars aux fruits plus homogènes et calibrés, sans « imperfections ». En parallèle, ils offrent des rendements plus importants et réguliers, ainsi qu’une longue conservation, ce qui permet de répondre au rythme de production et de consommation modernes. Certaines variétés récentes ont aussi été créées pour mieux résister aux maladies, notamment la tavelure, ce qui les rend plus faciles à cultiver. C’est pour cela que nous trouvons dans les magasins conventionnels seulement quelques variétés de pommes, malgré la grande diversité existante, à l’instar de la ‘Golden delicious’, de la ‘Gala’, de la ’Pink Lady’ ou de la ‘Granny Smith’. Leur goût correspond également mieux aux attentes contemporaines : leurs fruits sont moins acides, plus sucrés, plaisants à la majorité des palais.

Aujourd’hui, même si la pomme est souvent liée à la région normande dans la tête des consommateurs, elle est surtout produite en Occitanie, dans les Pays de la Loire, en PACA et en Nouvelle-Aquitaine (source : Chambres d’agriculture France 2022).

Les pommes anciennes et locales : des variétés adaptées à nos climats

C’est le premier argument en faveur des pommiers anciens et locaux. Tout comme l’ensemble des plantes indigènes, c’est-à-dire qui sont originaires du territoire sur lequel elles poussent, ce sont naturellement des variétés qui sont adaptées à toutes les conditions du milieu. Cela inclut :

• le type de sol ;
• les conditions météo ;
• les ravageurs et parasites.

De ce fait, elles vont présenter une meilleure résistance à ces différents éléments et seules les variétés capables de les supporter ont pu survivre, par sélection naturelle. Par exemple, dans une région dans laquelle les gelées peuvent survenir tardivement, la floraison du pommier peut naturellement être décalée, afin de ne pas en pâtir. Dans une région très humide, le fruitier peut se montrer plus résistant aux maladies cryptogamiques.

Ainsi, ces pommiers nécessitent naturellement moins de soins que certains de leurs confrères modernes : protection contre le froid, traitements sanitaires (antifongiques, antiparasitaires…), arrosages, taille, etc. Leur culture permet donc d’économiser du temps et de l’argent, tout en limitant le recours à des substances qui peuvent se révéler nocives pour l’environnement.

Pommier ‘Api Étoilé’

Des pommiers adaptés à la biodiversité locale

Lorsqu’ils sont originaires d’une zone donnée, les fruitiers s’intègrent parfaitement dans le paysage à tous les niveaux. Si nous venons de voir qu’ils supportaient les conditions de vie, ils vont aussi participer à l’équilibre du milieu. Ainsi, ils vont totalement être adaptés à la biodiversité locale : autres plantes, insectes, oiseaux, petits mammifères, etc.

Les variétés anciennes sont souvent de très bonnes pollinisatrices, permettant de stimuler la floraison d’autres pommiers, mais aussi des végétaux qui poussent à proximité.

L’importance de sauvegarder le patrimoine alimentaire

Les pommiers anciens nous rappellent à quel point la nature nous gratifie d’une large palette de saveurs. Choisir de ne pas laisser disparaître les variétés anciennes n’est pas qu’une affaire de nostalgie. C’est un moyen de préserver le patrimoine génétique de ces plantes qui font partie de notre culture et de notre histoire. Cela permet de ne pas tomber dans l’uniformisation des saveurs, des formes et des textures, ainsi que de valoriser un terroir.

Mais conserver un patrimoine génétique riche permet aussi de limiter les risques d’épidémies. La présence de ces pommiers anciens et locaux est toute aussi importante pour le futur : elles peuvent être étudiées pour répondre à nos enjeux climatiques actuels en termes d’adaptation à un milieu. Elles sont également essentielles pour pouvoir toujours créer de nouveaux cultivars.

Pommier ‘Chailleux’

Quelles sont les variétés de pommiers anciens et locaux ?

Vous pourrez trouver des pommiers anciens :

• sur internet, notamment sur notre site 🙂 ;
• en pépinières ;
• directement auprès de producteurs locaux ;
• sur certains marchés.

Il existe également des verges conservatoires ou des associations de sauvegarde locales, qui œuvrent pour leur préservation.

Il existe des dizaines de variétés de pommes anciennes.

• Le pommier ‘Châtaignier’. C’est une variété particulièrement cultivée en Normandie pour faire du cidre ou du jus de pommes. Elle produit des fruits jaune-verdâtre, maculés de rouge, qui se conservent de longues semaines après récolte. Ils offrent un goût assez sucré, avec une chair tendre et une peau fine. C’est un pommier résistant à la tavelure.
• Le pommier ‘Calville Rouge d’Hiver’. Il produit des pommes rouge sang à la chair rosée, ce qui leur vaut leur nom de « sanguinole ». Leur goût est acidulé et sucré, la chair fondante et juteuse. C’est une pomme idéale à consommer crue, qui se prête bien à la conservation. A cultiver de préférence dans les régions pas trop chaudes en été.
• Le pommier ‘Astrakan rouge’. Une variété précoce dont les fruits peuvent être consommés dès la mi-juillet. Sa chair est juteuse et parfumée. C’est un fruit qui se prête aussi bien à la dégustation en version crue que cuite. Sa floraison, qui intervient seulement en mai, est idéale pour les régions connaissant des gelées tardives. C’est une variété parfaitement adaptée aux zones d’altitude, du fait de sa résistance au froid.
• Le pommier ‘Api étoilé’, dont les fruits ont une forme originale d’étoile. Leur peau est verte, nuancée de rose du côté de l’exposition au soleil. C’est une pomme parfumée, mais peu juteuse. La récolte intervient en fin d’année, pour une longue conservation jusqu’en mai. A consommer crue ou cuite.
• Le pommier ‘Chailleux’. Une variété très cultivée en Bretagne, bien productive. Ses pommes colorées offrent une chair croquante, juteuse et douce. Elles sont prisées pour la confection de cidre, mais se conservent également très bien. C’est un fruitier résistant aux maladies.
• Le pommier ‘Reinette Clochard’, qui donne de très bonnes pommes à couteau. D’un jaune taché de brun, elles offrent une chair parfumée, douce et acidulée. C’est également une variété qui se conserve jusqu’au printemps.
• Le pommier ‘Belle Fille de Salins’, une variété rare originaire du Jura. Ses fruits se consomment tels quels, directement cueillis sur l’arbre. Ils sont bien colorés, croquants et sucrés. Ce pommier se montre très résistant au froid et aux maladies.
• Le pommier ‘Bon Père’. Très ancienne, cette variété généreuse produit de grosses pommes jaune-verdâtre. Les fruits sont croquants, doux et acidulés. Ils peuvent être dégustés tels quels ou transformés pour des recettes salées ou sucrées.
• Le pommier ‘Calville Alexandre’. Il nous gratifie de fruits de gros calibre, à la chair ferme, croquante et fruitée. Certains palais y trouvent des notes de bananes. C’est une pomme qui se conserve bien pendant l’hiver.
• Le pommier ‘Douce Coët Ligné’. Il s’agit d’une ancienne variété de pomme à cidre. Vigoureuse et rustique, elle offre un bon rendement. Ses fruits arborent un coloris ocre et nous gratifient d’une saveur sucrée et acidulée. C’est également une bonne pomme à vinaigre ou à jus.
• Le pommier ‘Jacques Lebel’, une variété de grand développement. Il produit des pommes jaunes striées de rose. Elles se prêtent très bien à la confection de recettes sucrées (tartes, compotes, beignets, etc.).
• Le pommier ‘Pigeonnet de Jerusalem’. Ses pommes arborent un jaune strié de carmin. Elles ont un goût sucré et acidulé, très équilibré en bouche. Ce sont de parfaites pommes à couteau, mais aussi de bonnes candidates pour des recettes ou la transformation en jus.
• Le pommier ‘Bénédictin’ ou ‘Reinette Normande’. Comme son nom le laisse penser, c’est une variété très répandue en Normandie. Elle produit de gros fruits jaune-orangé, bien parfumés. Elle se croque telle quelle ou s’intègre dans les pâtisseries, les compotes et les jus.

Pommier ‘Châtaignier’ et ‘Bénédictin’