Qu'est-ce qu'un sol argilo-calcaire ?

Qu'est-ce qu'un sol argilo-calcaire ?

Composition du sol argilo-calcaire

Un sol argilo-calcaire est un type de sol qui combine des caractéristiques des sols argileux et des sols calcaires. Il se distingue par une proportion significative d’argile, généralement supérieure à 25%, et une teneur en calcaire souvent élevée. Cette composition spécifique influence fortement les propriétés physiques et chimiques du sol.

L’argile est une particule très fine qui, lorsqu’elle est présente en grande quantité, donne au sol une texture lourde et compacte. Le calcaire, quant à lui, est principalement constitué de carbonate de calcium (CaCO₃) et apporte au sol une alcalinité naturelle : le sol est donc basique.

Propriétés physiques : texture, drainage, capacité à retenir les nutriments

Le sol argilo-calcaire présente une texture lourde et collante, surtout lorsqu’il est humide, en raison de la forte teneur en argile. Cette caractéristique rend le sol difficile à travailler, en particulier lors des périodes pluvieuses, car il a tendance à se compacter facilement, ce qui peut limiter la circulation de l’air et de l’eau dans le sol.

Le drainage dans un sol argilo-calcaire est souvent médiocre. L’argile, avec ses fines particules, retient l’eau de manière efficace, mais cela peut également conduire à une saturation en eau et à une mauvaise aération. Lorsque ce type de sol est mal drainé, il peut devenir asphyxiant pour les racines des plantes, limitant ainsi leur développement. Cependant, cette rétention d’eau peut aussi être un avantage en période sèche, car le sol argilo-calcaire retient l’humidité plus longtemps que d’autres types de sol.

Caractéristiques chimiques

Le sol argilo-calcaire est caractérisé par un pH supérieur à 7, en raison de la présence de calcaire. Ce pH basique influence la disponibilité des nutriments pour les plantes. Dans un sol très calcaire, certains éléments nutritifs essentiels, comme le fer, le manganèse, le zinc et le phosphore, deviennent moins solubles et donc moins disponibles pour les plantes, ce qui peut entraîner des carences nutritionnelles visibles, telles que la chlorose ferrique (décoloration des feuilles).

D’un autre côté, le calcium, abondant dans ces sols, est facilement disponible, ce qui peut être bénéfique pour certaines cultures qui ont des besoins élevés en calcium, comme les choux ou la plupart des arbres fruitiers.

À noter qu’un pH élevé peut également influencer la composition de la microflore du sol, favorisant les organismes qui prospèrent dans des conditions alcalines, ce qui peut à son tour affecter les processus de décomposition et la libération des nutriments dans le sol.

Impact de la géologie locale sur la formation des sols argilo-calcaires

La formation des sols argilo-calcaires est intimement liée à la géologie locale. Ces sols se sont formés principalement à partir de dépôts sédimentaires marins anciens, où le calcaire s’est accumulé sous forme de couches sédimentaires épaisses. Au fil des millénaires, l’érosion et les processus géologiques ont fragmenté ces couches de calcaire, mélangeant les particules fines d’argile issues de l’altération des roches métamorphiques ou volcaniques.

En France, les grandes plaques calcaires du Jurassique et du Crétacé, qui se trouvent dans des régions comme la Bourgogne, la Champagne et le Bassin parisien, ont été façonnées par l’érosion et la sédimentation, créant des sols riches en calcaire.

En Belgique, la géologie du sud du pays est marquée par la présence de roches calcaires du Paléozoïque, qui ont été recouvertes par des dépôts d’argile au fil du temps. Les sols argilo-calcaires qui en résultent se sont développés dans des environnements dans lesquels les mouvements tectoniques ont favorisé la remontée des couches calcaires à la surface.

Ces processus géologiques complexes ont donné naissance à des sols qui, bien que souvent difficiles à travailler en raison de leur compacité, sont extrêmement fertiles et adaptés à une large gamme de cultures, notamment la vigne, les céréales et les cultures fourragères. Les sols argilo-calcaires sont ainsi un témoignage de l’histoire géologique riche et variée de la France et de la Belgique, et jouent un rôle crucial dans l’agriculture et la viticulture de ces pays.

À gauche un sol argilo-calcaire, à droite une terre noire, riche en humus.

Comment reconnaitre un sol argilo-calcaire ?

Tests simples pour identifier un sol argilo-calcaire

• Le test du toucher : prenez une poignée de terre humide et frottez-la entre vos doigts. Si le sol est argileux, il aura une texture collante et lisse. Lorsqu’il est légèrement sec, le sol formera des mottes dures, qui sont difficiles à briser à la main.
• Le test du vinaigre : récupérez une petite quantité de terre sèche et placez-la dans un récipient. Versez quelques gouttes de vinaigre blanc sur cette terre. Si vous observez une réaction effervescente, cela indique que le sol contient du carbonate de calcium, un composant typique des sols calcaires. Cette réaction se produit, car le vinaigre, qui est acide, réagit avec le calcaire, produisant du dioxyde de carbone sous forme de bulles.

Observation des signes distinctifs dans le jardin

• Présence de certaines plantes indicatrices : certaines plantes poussent naturellement mieux dans les sols argilo-calcaires, et leur présence dans votre jardin peut être un indicateur fiable. C’est le cas des aubépines, du buis, du charme, du sureau noir, du lierre, du noisetier commun, les églantiers…
• Couleur du sol : les sols argilo-calcaires ont souvent une teinte claire, allant du beige au brun clair, en raison de la présence de calcaire. Cependant, la teneur en matière organique ou en fer peut influencer cette couleur, mais en général, les sols calcaires ont une apparence plus pâle comparée aux sols riches en humus.
• Compactage du sol : les sols argilo-calcaires se compactent facilement, surtout après une pluie ou un gros arrosage. Cela se manifeste par une surface dure et fissurée lorsque le sol sèche, ce qui limite la pénétration de l’eau et l’aération. Vous pouvez observer ce phénomène en marchant sur le sol humide : s’il laisse une empreinte profonde et collante, puis durcit en séchant, c’est un signe que le sol est argilo-calcaire.

Le p’tit mot d’Oli : rien ne remplacera jamais un véritable test de sol en laboratoire ! Si vous souhaitez connaitre parfaitement la composition de votre sol : l’envoi d’un échantillon de votre terre vers un laboratoire pédologique est la meilleure solution. Les experts qui y travaillent vous rendront un rapport détaillé de la composition de votre sol, des éventuelles carences ou soucis éventuels, ainsi que des conseils pour l’améliorer. Pour cela, vous pouvez procéder par l’intermédiaire de Promesse de Fleurs : analyse de sol professionnelle.

Les couches du sous-sol montrent ici un sol clair, à tendance argilo-calcaire.

Où se situent les zones de France et de Belgique avec un sol argilo-calcaire ?

En France, les sols argilo-calcaires sont répandus dans plusieurs régions. En voici les principales :

• Bourgogne : la Bourgogne est célèbre pour ses sols argilo-calcaires, qui sont particulièrement bien adaptés à la viticulture. Les vignobles de Bourgogne, tels que ceux de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune, reposent sur des sols riches en calcaire, combinés à une forte proportion d’argile.
• Champagne : la région de Champagne est également caractérisée par des sols argilo-calcaires. Ici aussi, le sous-sol calcaire joue un rôle crucial en assurant un bon drainage tout en conservant l’humidité nécessaire pour les vignes.
• Bassin parisien : une grande partie du bassin parisien, notamment en Île-de-France et en Picardie, est constituée de sols argilo-calcaires. Ces sols sont issus de dépôts sédimentaires datant de l’ère secondaire (Jurassique et Crétacé), où le calcaire est prédominant. Le sol de cette région est souvent lourd et compact, mais il est aussi riche en nutriments, ce qui le rend propice à l’agriculture, surtout pour les cultures céréalières.
• Vallée de la Loire : certaines zones de la Vallée de la Loire, comme dans les appellations Saumur et Vouvray, reposent sur des sols argilo-calcaires. Ces sols, associés à un climat tempéré, permettent la culture de vignes qui produisent des vins blancs réputés pour leur équilibre et leur complexité.

En Belgique, les sols argilo-calcaires se trouvent surtout dans les régions du sud (Wallonie) :

• Condroz et Fagne-Famenne : ces régions du sud de la Belgique sont caractérisées par des sols argilo-calcaires qui résultent de la décomposition de formations géologiques calcaires anciennes. Le Condroz, en particulier, est une région agricole où ces sols sont utilisés pour la culture de céréales et la production de betteraves sucrières.
• Pays de Herve : cette région, située à l’est de la Belgique, est connue pour ses prairies verdoyantes et son paysage vallonné. Le sol argilo-calcaire de cette région est particulièrement bien adapté à l’élevage bovin et à la production de lait, ce qui explique la renommée des fromages locaux, tels que le fromage de Herve.
• Plateau du Hainaut : une autre zone notable est le plateau du Hainaut, à cheval sur la frontière franco-belge, où les sols argilo-calcaires sont assez courants. Cette région est largement utilisée pour l’agriculture intensive, notamment la culture de céréales et de betteraves.

Vignoble à Turquant, dans le Parc Régional Anjou-Touraine.

Quelles plantes pour un sol argilo-calcaire ?

Beaucoup de jardiniers ont peur, soit des terres lourdes et argileuses, soit du calcaire. Que dire alors lorsqu’on combine les deux ? Pas d’inquiétude, il existe un grand nombre de plantes qui se plaisent dans ce type de sol. En voici une liste non exhaustive :

• Arbres et arbustes : Cotinus, Aubépines, Hibiscus syriacus, Sureaux, houx, buis, troènes, lilas commun, buddléia, seringat… et les rosiers.
• Grimpantes : lierre, chèvrefeuille, houblon…
• Vivaces : consoude, pervenche, acanthe, valériane des jardins, renouée persicaire, asters, géraniums vivaces, bergénia…
• Bulbeuses : ail des ours, crocus, narcisse, iris, galanthus, muscari…
• Annuelles : souci, cosmos, capucine, coquelicot…
• Légumes : choux, bettes, betteraves, panais, chénopodes, chicorées…
• Fruitiers : vigne, figuier, pommier, ronce sans épines, framboisier, cerisier, groseillier, noyer…

Remarque : les sols argilo-calcaires sont atypiques et présentent des caractéristiques uniques. Voilà pourquoi certaines plantes aiment ces sols, tandis que toutes les autres (ou presque) vont détester. C’est l’un ou l’autre : ça passe ou ça casse ! N’hésitez jamais à vous renseigner sur les besoins en matière de sol de vos futures acquisitions. L’application Plantfit vous aidera dans vos choix.

Rosiers, chèvrefeuilles, lilas et cerisiers font partie des végétaux appréciant les sols argilo-calcaires.

Comment entretenir et améliorer un sol argilo-calcaire ?

Les sols argilo-calcaires posent des problèmes de drainage et de compaction, rendant le sol difficile à travailler et limitant l’expansion des racines. Leur pH élevé peut provoquer des carences en nutriments essentiels pour les plantes, notamment dans le potager. Ces sols peuvent également former des croûtes dures en surface, gênant la germination des semis. Toutefois, l’amélioration de la structure du sol avec des amendements et le choix de cultures adaptées peuvent atténuer ces inconvénients.

• Aération : les sols argileux se compactent fortement et les racines des plantes risquent l’asphyxie. Travailler votre sol à l’aide d’une fourche à bêcher ou d’une biofourche permet d’ameublir en douceur et sans mélanger les couches du sol ;
• Ajout constant de matière organique : le compost en surface, du fumier à la plantation ou simplement laisser les feuilles mortes au pied des plantes, vont améliorer sensiblement la texture d’un sol argileux ;
• Arrosage : si le sol est particulièrement sujet à la rétention d’eau, l’installation de systèmes de drainage, tels que des drains souterrains, peut être nécessaire pour maintenir un bon équilibre hydrique. Ceci dit, un apport régulier de compost contribuera déjà grandement au drainage du sol ;
• Paillage : en plus de garder l’humidité et de réguler la température du sol, le paillage organique, comme les feuilles mortes ou la paille, se décompose lentement, enrichissant le sol en matière organique.

Le p’tit mot d’Oli : pour améliorer un sol argilo-calcaire, le meilleur conseil serait… de laisser faire la nature (en lui donnant un petit coup de pouce tout de même). Les feuilles mortes sont parfaites pour apporter de l’humus à la couche superficielle du sol. Plus long, mais encore plus efficace, une couche de broyat (BRF) permet de tendre au bout de deux ans (parfois plus) vers un sol proche d’un sol forestier. Enfin, plus vous planterez, plus les racines vont aérer votre sol, le rendant peu à peu plus léger et plus fertile. Dans le cas du potager, il est compliqué de cultiver un large choix de légumes en sol argilo-calcaire : pensez au potager en bac.

Apportez quantité de feuilles mortes, BRF ou compost à votre sol pour l’enrichir.