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Les chênes : planter, tailler et entretenir

Les chênes : planter, tailler et entretenir

Sommaire

Mis à jour le 24 Avril 2024  par Eva 19 min.

Le Chêne, en quelques mots

  • Le chêne est un arbre présent sur tous les continents, souvent vénérable et réputé pour sa robustesse et grande longévité.
  • Chez nous, la forme de ses feuilles lobées et la présence de glands le rendent facilement identifiable mais il existe une multitude de formes de par le monde.
  • Les chênes rouges sont prisés pour leur feuillage écarlate à l’automne, tandis que les chênes vert et liège présentent de petites feuilles coriaces et persistantes vert olive appréciées en alignement urbain.
  • La croissance des chênes est généralement assez lente et leur bois d’œuvre très réputé.
Difficulté

Le mot de notre experte

Les forêts de chênes mêlés aux hêtres tendent à occuper tous les milieux des régions tempérées lorsque l’homme n’intervient pas. On parle de climax qui désigne un état d’équilibre entre le sol et la végétation. Ainsi une clairière, une zone incendiée tend à devenir une forêt de chênes après différentes étapes de recolonisation du milieu. Le chêne possède une aura qui peut-être vient de cet état de fait mais aussi de sa longévité légendaire, de sa prestance. Il symbolise la force, la sagesse, la majesté, la durée, faisait l’objet de cultes païens, Saint Louis rendait la justice sous un chêne séculaire…

Gland, quercus

Les glands, fruits du chêne

Le genre Quercus, qui est le nom scientifique du chêne, comprend plus de 400 espèces qui comme le hêtre et le châtaignier appartiennent à la famille des Fagacées. Il s’agit d’arbres ou d’arbustes très polymorphes à feuilles caduques ou persistantes, de formes et dimensions très variables. Le chêne kermès (Quercus coccifera) de 1 m environ présente des feuilles piquantes et coriaces de moins de 1 cm de long tandis que Q. dentata livre des feuilles lobées dépassant parfois 30 cm de longueur.

Le chêne, si fréquent dans nos forêts, est finalement assez peu employé dans les aménagements de parcs et jardins compte tenu de l’extraordinaire diversité qui existe au sein du genre. Leur grande taille peu adaptée aux jardins urbains, leur croissance relativement lente, leur floraison discrète et surtout la méconnaissance de leur diversité participent sans doute au peu d’intérêt qu’on leur accorde. Les glands des chênes constituaient l’alimentation de base de nombreuses peuplades qui vivaient essentiellement de cueillette aussi bien en Europe qu’en Amérique et même en France lors des périodes de disette. Le « racahout des arabes » est une poudre pour enfants commercialisée en France jusqu’au début du XXe siècle.

Description et botanique

Fiche d'identité

  • Nom latin Quercus sp.
  • Famille Fagaceae
  • Nom commun Chêne
  • Floraison entre mai et juin
  • Hauteur entre 1 et 40 m
  • Exposition soleil
  • Type de sol sol frais à sec en fonction des espèces
  • Rusticité Bonne à excellente (-15 à -40°C)

Le chêne dénommé Quercus en latin possède une large répartition à travers le globe, allant des milieux montagnards tempérés à tropicaux, du Mexique au Sud-Est asiatique, jusqu’en Nouvelle-Guinée. ‘Quercus’ dériverait du celte « kaerquez », que l’on traduit par « bel arbre ».

Selon les espèces, on le rencontre aussi bien sur des sols secs de type méditerranéen comme les chêne vert (Quercus ilex) et chêne liège (Quercus suber) que sur des sols détrempés à l’instar du chêne écarlate (Quercus coccinea). On recense 429 espèces dont plus de la moitié (234) provient d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale (154 pour le seul Mexique), 156 sont d’origine asiatique et 39 européenne. En France, on compte 10 espèces de chênes présentes à l’état naturel dont 6 à feuilles caduques (Quercus cerris, Q. faginea, Q. petraea, Q. pubescens, Q. pyrenaica, Q. robur) et 4 à feuilles persistantes (Quercus coccifera, Q. ilex, Q. rotundifolia, Q. suber).

Les chênes autochtones comme le chêne sessile (appelé aussi  chêne rouvre) – le plus répandu en France -, et le chêne pédonculé sont réputés pour leur croissance lente et la qualité de leur bois, dense et riche en tanins, largement utilisé dans l’ameublement, la construction, la tonnellerie, le chauffage… Cependant d’autres espèces comme le chêne rouge d’Amérique ou le chêne de Hongrie ont une croissance assez rapide.

Quercus robur – illustration botanique

Les chênes présentent souvent une silhouette large et dense dotée d’un tronc trapu lorsqu’ils poussent en isolé. Dans une futaie de chênes, le tronc est beaucoup plus longiligne et non ramifié (30 à 40 m de hauteur totale) ce qui permet d’obtenir des planches avec peu de nœuds. Selon les espèces, les chênes forment des arbres majestueux dépassant 35 m de hauteur, difficiles à introduire dans nos jardins, à l’instar du Chêne pédonculé (Quercus robur) ou du Chêne sessile (Quercus petraea). D’autres, de stature plus modeste (Chêne pubescent, Chêne tauzin, Chêne vert et la plupart des formes horticoles) sont mieux adaptés à la taille de nos jardins. Les plus petits, familiers des garrigues méditerranéennes, sont de modestes arbustes piquants ne dépassant guère 1 m, à l’image du Chêne kermès Quercus coccifera et sont parfaits dans une haie défensive.

L’écorce du chêne commun est d’abord lisse souvent marquée de taches blanchâtres puis se crevasse et s’assombrit. Le chêne liège développe une épaisse écorce liégeuse qui peut être exploitée tous les 7 ans pour lui laisser le temps de se reconstituer.

Les branches sont généralement robustes et tortueuses chez les sujets âgés. Le feuillage est alterne, et les essences caduques portent le lus souvent un feuillage lobé vert sombre qui persiste  jusqu’au cœur de l’hiver, virant au brun avant de chuter. On dit que le feuillage est marcescent. La taille du limbe et du pétiole, la présence de poils ou non sur une ou deux faces du limbe, la forme des lobes sont autant de critères qui permettent de différencier nos espèces indigènes. Cependant il existe des hybridations naturelles dans les zones où résident deux espèces qui rendent parfois les identifications ardues. Il existe de nombreuses exceptions concernant la forme du limbe comme en témoignent le chêne à feuilles de châtaignier Quercus castaneifolia (entier et denté), le Quercus phellos (étroit à bords lisses), etc. En revanche, les trois principales espèces persistantes françaises sont très faciles à différencier. Elles résident principalement en zone méditerranéenne et le long du littoral atlantique. Le chêne liège et le chêne vert ont des feuilles assez semblables, petites coriaces, vert olive avec des piquants plus ou moins marqués selon la pluviométrie mais l’aspect de l’écorce ne laisse aucun doute. Quant au chêne kermès, autrefois exploité pour les cochenilles, insectes cotonneux souvent présents sur l’arbrisseau qui donnaient un colorant rouge, il se reconnaît à la silhouette arbustive de la plante  ne dépassant guère 1 à 2 m et aux dimensions des feuilles bien plus petites et épineuses que chez les autres espèces.

La floraison se présente sur un même arbre, sous la forme de chatons mâles jaunes au printemps tandis que les fleurs femelles réduites au pistil entouré de  menus pétales sont à peine visibles.

Chêne

Les chênes présentent une belle diversité de feuilles : Quercus palustris, Quercus robur (photo Olive Titus), Quercus robus ‘Purpurescens’, Quercus myrsinifolia (photo Harum Koh)

Chêne

Quercus kelloggii ‘Greyghost’, Quercus hypoleucoides, Quercus robur ‘Posnania’, Quercus petraea

Le critère principal qui permet de reconnaître un chêne sans erreur possible reste la présence de glands. Il s’agit d’un fruit sec à une seule graine appelé « akène », surmonté d’une cupule (chapeau plus ou moins enveloppant et ornementé constitué par la soudure des bractées de l’inflorescence). Il est porté par un long pédoncule chez le chêne pédonculé, absent chez le chêne sessile mais aussi chez le chêne vert. Lorsqu’ils atteignent leur maturité, parfois seulement au bout de 50-60 ans, les chênes produisent une profusion de glands en été qui persistent 1 ou 2 ans sur l’arbre avant de tomber selon l’espèce. On distingue parfois les « chênes blancs » à feuilles munies de lobes arrondis et aux glands comestibles mûrissant l’année de leur formation, des « chênes rouges », à feuilles munies de lobes aigus et aux glands âcres qui nécessitent 2 ans pour mûrir. Chez les chênes, la production de glands (glandaies) est tardive et particulièrement irrégulière durant la vie de l’arbre, ce qui affecte parfois grandement les populations de sangliers et autres animaux se nourrissant de glands. En Corse ou en Espagne, dans la région d’Estrémadure, les porcs paissent au pied des chênes verts pour qu’ils s’alimentent des glands et donnent une viande extrêmement savoureuse. Lorsque l’on souhaite exploiter le bois d’une forêt de chênes, on laisse quelques beaux sujets qui, stressés par l’ouverture brutale de la forêt, se mettent à produire des glands avec profusion qui vont ensemencer et assurer le renouvellement de la parcelle.

Les glands contiennent jusqu’à 8% de tanins, les glands doux en ont moins mais demeurent inconsommables pour l’homme (et les ruminants) à l’état brut entraînant constipation, lésions rénales et troubles neurologiques s’ils sont ingérés en grande quantité. Les tanins peuvent se supprimer par lixiviation : trempage dans l’eau froide, renouvelée tous les jours, des glands sans leur peau jusqu’à disparition de l’amertume ou réduction en farine puis lessivage avec de l’eau à travers un linge… ou par séjour prolongé dans le sol.

inflorescences du chêne

Fleurs mâles du chêne (photo Peter O Connor Aka)

Les principales variétés de Chêne

Variétés caduques pour jardins de taille modeste
Variétés caduques pour grands jardins
Variétés persistantes pour grands et petits jardins
Chêne pédonculé - Quercus robur Concordia

Chêne pédonculé - Quercus robur Concordia

Arbre au développement modéré remarquable par son feuillage d'été jaune vif, extrêmement lumineux. Il trouvera sa place dans un jardin de taille moyenne à modeste en contraste avec d'autres feuillages plus sombres ou pourpres. Rustique, offrez-lui simplement de la lumière et un sol profond légèrement calcaire, fertile et frais.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 7 m
Chêne pédonculé - Quercus robur

Chêne pédonculé - Quercus robur

Le chêne pédonculé présente un large houppier irrégulier qui domine assez rapidement nos forêts d'Europe. Sa croissance d'abord lente s'accélère une fois qu'il est établi. Il peut atteindre un âge vénérable. Il demande de la lumière, un sol profond et fertile et tolère le calcaire.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 28 m
Chêne pourpre - Quercus robur Purpurascens

Chêne pourpre - Quercus robur Purpurascens

Le Quercus robur Purpurescens ou Sanguinea est un remarquable cultivar au feuillage et jeunes rameaux pourpres. Ses jeunes feuilles teintées de rouge pourpre au débourrement brunissent avant de prendre des nuances très riches de rouge, de brun, de vert et de violet en plein été.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 15 m
Chêne de Hongrie - Quercus frainetto

Chêne de Hongrie - Quercus frainetto

Ce chêne caduc est doté d'une croissance assez rapide et d'un développement important. Ses grandes feuilles vert vif, sont intensément lobées et duveteuses, blanchâtres au revers et prennent de belles teintes automnales avant de chuter. Il réclame un sol frais à sec en été, de préférence argileux, même légèrement calcaire et le plein soleil.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 20 m
Chêne écarlate - Quercus coccinea Splendens

Chêne écarlate - Quercus coccinea Splendens

Ce chêne rouge revêt un feuillage écarlate en automne. Majestueux comme tous ses cousins, il développe un feuillage caduc mais marcescent, profondément découpé, un tronc massif et une couronne étalée soutenu par des branches légèrement retombantes. Pour grands jardins, il préfère un sol acide ou neutre, léger, voire sableux.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 20 m
Chêne des marais - Quercus palustris

Chêne des marais - Quercus palustris

Ce chêne, malgré son nom, n’apprécie guère les sols lourds, calcaires, argileux et compacts. Majestueux comme tous ses cousins, il offre un feuillage caduc, à lobes pointus, vert lustré en été virant au rouge orangé en automne. En sol frais, il bénéficie d’une croissance assez rapide et acquiert une bonne taille.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 25 m
Chêne vert - Quercus ilex

Chêne vert - Quercus ilex

Cet arbre forestier persistant emblématique du Midi méditerranéen se plaît très bien en ville et accepte une taille en rideau ou en pyramide. Résistant à la sécheresse et d’une longévité et robustesse légendaire, il fera un sujet isolé remarquable. Ses feuilles petites vert olive sont légèrement épineuses.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 12 m
Quercus myrsinifolia - Chêne à feuilles de myrsine

Quercus myrsinifolia - Chêne à feuilles de myrsine

Un arbuste rare, venu du pays du Japon présente un large feuillage simple et persistant évoquant celui du bambou. Pyramidal dans sa jeunesse, il prend peu à peu une forme arrondie et déploie un feuillage élégant et mince, bronze au débourrement, vert en été, devenant pourpre en automne. Il se plaît en un sol frais, neutre à acide et en plein soleil.
  • Hauteur à maturité 5 m
Chêne de Turner - Quercus turneri pseudoturneri

Chêne de Turner - Quercus turneri pseudoturneri

Hybride entre le chêne vert et le chêne pédonculé, cet arbre moyen possède un feuillage persistant luisant et une croissance lente, plus adaptée aux jardins modestes. Tolérant bien la taille, il se cultive sans difficulté dans un sol ordinaire, pas trop sec. Sa floraison printanière blanchâtre est assez décorative.
  • Période de floraison Mai, Juin
  • Hauteur à maturité 9 m

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Planter un chêne

Où planter le Chêne ?

D’une façon générale, les espèces persistantes comme le Chêne vert et le Chêne liège sont mieux adaptées aux jardins du sud de la France, méditerranéens et du littoral atlantique. Elles tendent par conséquent à remonter vers le nord avec le réchauffement climatique. Les espèces caduques (européennes ou américaines), de sols frais sont plus résistantes au froid (-28°C et plus). Cependant le chêne de Hongrie (Quercus frainetto), le chêne pubescent (Q. pubescens) et dans une moindre mesure le chêne sessile (Q. petraea) sont des contre-exemples, ces grands chênes caducs s’adaptent assez bien aux terrains secs tout comme Quercus rubra tolérant les sols incultes et les fortes chaleurs estivales.

Par ailleurs, les chênes rouges d’Amérique (rubra, coccinea, palustris) exigent un sol acide, à l’instar du chêne liège alors que les autres  chênes sont relativement tolérants vis-à-vis du calcaire. Le chêne pédonculé accepte des sols temporairement inondés contrairement au chêne sessile, plus apte à supporter les sols secs. D’autres chênes ‘exotiques’ méritent votre attention comme le Chêne à feuilles de myrsine Quercus myrsinifolia, rappelant le feuillage du camphrier, le Chêne hispanique Quercus x hispanica ‘Wageningen’ au port colonnaire de 10-15 m, persistant et particulièrement adapté aux alignements de milieu urbain, sans exigences sur le sol ou l’exposition…

Les chênes sont des arbres qui aiment la lumière mais le chêne vert tolère aussi la mi-ombre, et le petit chêne kermès pousse quelle que soit l’exposition.

Le Chêne est depuis toujours cultivé comme arbre d’ornement dans les parcs et grands jardins, où il exprime tout son potentiel en isolé ou en bosquet comme arbre d’ombrage. Il montre un développement plus harmonieux lorsqu’il est cultivé en conditions abritées, sans concurrence excessive. Comme pour toutes les autres plantes du jardin, choisissez votre chêne en fonction de la nature de votre sol et de votre climat : la rusticité est de -16 et -12°C respectivement pour les chênes verts et chênes lièges qui tolèrent par ailleurs le vent, les embruns et la pollution.

Et si des chênes poussent spontanément sur votre terrain, conservez-les précieusement, à condition d’avoir l’espace suffisant. Ces arbres produisent un excellent terreau et leur enracinement de type pivotant permet l’implantation d’arbustes ou de vivaces amateurs de sous-bois clair sous leur couvert. Ils abritent une biodiversité importante, et leurs glands nourrissent de nombreux oiseaux et petits mammifères.

 Quand planter ?

Plantez les chênes de préférence à l’automne pour assurer un enracinement profond avant d’affronter la sécheresse estivale.

Comment planter ?

  • Plongez la motte dans un seau d’eau pour bien l’humecter.
  • Creusez un trou de plantation, d’au moins 3 fois la dimension de la motte, d’environ 40 cm de profondeur.
  • Assurez un bon drainage du sol avec les espèces méditerranéennes de façon à augmenter leur résistance au gel. Placez une couche drainante de 10 cm (gravier, sable…) si votre sol est argileux.
  • Apportez du fumier ou du compost décomposé si la terre est sableuse.
  • Pour de gros sujets (baliveaux à partir de 8/10 cm de circonférence à 1 m du sol), installez 2 à 4 tuteurs (piquets de 8 ou 10 cm de diamètre) distancés de 1 m afin d’assurer le maintien du tronc. Utilisez ensuite des liens souples (en tissu ou caoutchouc) afin de laisser le tronc se balancer légèrement pour stimuler l’ancrage des racines.
  • Placez la motte de manière à ce que le collet (limite entre les racines et le tronc) soit à ras de terre, légèrement en dessous en raison du foisonnement.
  • Rebouchez le trou en formant une cuvette et tassez légèrement avec le pied.
  • Arrosez abondamment afin de chasser toutes les bulles d’air.
  • Étalez une couche de paillage au pied afin de maintenir une bonne fraîcheur autour des racines. Cela limitera aussi la pousse des mauvaises herbes. 
Quercus en hiver

Chêne majestueux sous le givre

Tailler et entretenir

Assurez un arrosage profond espacé tous les 10 à 15 jours au cours des 3 premiers étés qui suivent la plantation et durant les périodes de sécheresse.

Le chêne ne demande pas d’autre entretien, si ce n’est la taille de formation qu’il ne faut pas négliger pendant les jeunes années de l’arbre jusqu’à ce que la couronne soit remontée à la hauteur voulue.

Taille du chêne

La taille de formation s’applique tant que l’arbre présente une cime fléchée c’est-à-dire un port de type pyramidal. Elle consiste à contrôler que cette flèche ne soit pas coupée ou ne se divise pas en deux ce qui est assez courant chez nos chênes (pédonculé, sessile, pubescent, chêne vert) et chez le chêne rouge. La nature étant bien faite, cette fourche disparaît généralement d’elle-même au bout de 1 à 2 ans. Dans le cas contraire, coupez l’un des rameaux avant qu’il ne devienne trop gros afin de réinstaurer une flèche unique.

Occupez-vous ensuite des branches principales, dites « charpentières ». Veillez à ce qu’elles soient bien réparties tout autour de l’arbre. Leur point d’insertion doit s’étager le long du tronc. Afin de faciliter la circulation au pied de l’arbre dans le futur, il est important de remonter progressivement le houppier afin de ne couper que des branches de faible diamètre (3 à 5 cm). N’allez pas trop vite ! Veillez à conserver 1/3 de hauteur de tronc pour 2/3 de couronne. Cette remontée de houppier n’est pas obligatoire si vous souhaitez laisser à l’arbre la liberté de s’exprimer au beau milieu d’un parc !

Par la suite, la cime du chêne s’arrondit, votre rôle consiste juste à recouper les branches cassées par le vent ou qui se croisent en effectuant une coupe nette. Les bois morts peuvent être tolérés pour accueillir les oiseaux cavernicoles. Vous pouvez éventuellement faire exécuter une éclaircie de la couronne par un grimpeur-élagueur si l’arbre fait trop d’ombre. Pensez que ces arbres sont voués à une longue vie, de plusieurs siècles et qu’intervenir le moins possible est le meilleur moyen de leur assurer une santé de fer. Évitez de transformer votre chêne en poteau électrique comme on le voit trop fréquemment. Le chêne est un arbre dont le bois se compartimente aisément entraînant une bonne cicatrisation des plaies. Il peut supporter des coupes jusqu’à 10 cm de diamètre.

Etant donné la très bonne faculté de cicatrisation du chêne, il est tout à fait concevable de réaliser des haies taillées à l’instar du charme avec des espèces comme Quercus frainetto,  Q. pubescens et bien entendu avec les chênes persistants qui possèdent de petites feuilles. Les chênes verts et kermès peuvent également se tailler en topiaire ou en rideau. Réalisez la taille en septembre  et chez les feuillus au cours de l’hiver et en juin si besoin.

Maladies et ravageurs éventuels

Les chênes à feuilles caduques attrapent souvent l’oïdium en climat sec qui se manifeste par un poudrage blanc du feuillage mais cette maladie n’affecte en rien la vie de l’arbre. Il est donc inutile de traiter sauf peut-être les jeunes arbres avec du soufre. Veillez surtout à bien les arroser au cours des 3 premières années.

Les chenilles défoliatrices (bombyx, processionnaire du chêne, tordeuse verte) commettent parfois de gros dégâts sur le feuillage et les bourgeons du chêne. Vous pouvez éventuellement appliquer du Bacillus thuringiensis à 8-10 jours d’intervalle, dès les premiers signes.

Les galles brunes de la taille d’une balle de golf ou blanches de la taille d’une groseille qui sont assez communes sur nos chênes sont parfaitement tolérées par ces derniers. Elles sont provoquées par la ponte d’une petite guêpe, le cynips, sans conséquences pour l’arbre.

→ En savoir plus sur la galle du chêne , les maladies et parasites des chênes, et sur la galle des plantes

Le pourridié (armillaire couleur de miel) peut affecter les chênes en sol trop humide ou lorsque l’arbre subit un stress comme la sécheresse. Ce champignon entraîne le dessèchement brutal de l’arbre souvent en début d’été. Il n’existe aucun traitement et l’arrachage rapide suivi d’un brûlage et extraction de la terre, s’imposent alors pour éviter toute expansion de la maladie vers d’autres essences. Cependant les chênes font partie des végétaux les plus résistants à ce champignon comparés aux bouleaux, saules, thuyas ou cèdres.

Les chênes verts et chênes lièges sont parfois attaqués par la maladie de l’encre qui entraînent des écoulements noirs goudronneux. L’abattage est alors recommandé.

Quercus écorce

Ecorce d’un vieux chêne

Multiplication

La multiplication des chênes se fait souvent par semis des glands, séparation de drageons ou par greffe en fin d’hiver pour les cultivars. Cette dernière pratique est l’affaire de professionnels alors qu’il n’est pas rare de voir des glands germer en quantité à proximité de l’arbre, du moins chez les chênes autochtones. Il est alors facile de prélever les plantules à peine germées en prenant bien soin d’extraire le pivot. Ce dernier assure le développement profond des racines qui peut atteindre quelques dizaines de mètres notamment chez le chêne vert.

Semis

  • Réalisez la récolte au sol, à l’automne vers la seconde quinzaine d’octobre, des glands de l’année les plus gros, fermes et exempts de trous. La cupule doit se détacher facilement du gland. Pour vérifier la qualité des glands, plongez-les dans un seau d’eau. Prenez seulement ceux qui coulent.
  • Remplissez un pot profond avec du terreau mélangé à du sable ou simplement avec la litière prélevée dans une forêt de chênes.
  • Placez les glands en surface en veillant à ce qu’ils ne se touchent et protégez le semis avec un grillage à mailles fines.
  • Le pot doit rester à l’extérieur pour que s’opère la stratification des graines par le froid, suivie de la levée au printemps. Cette stratification peut aussi se faire au réfrigérateur en stockant les graines bien séchées, noyées dans de la sciure ou de la tourbe, à l’intérieur d’un sac de congélation fermé hermétiquement.
  • Au bout d’au moins 1,5 mois, surveillez le semis. Dès que la radicule pointe, repiquez les plantules en pots profonds individuels d’au moins 15 cm de profondeur. Puis maintenez les plants à la lumière dans un substrat frais.
quercus, semis

Naissance d’un chêne

Utilisations et associations

Les chênes de grande stature et multiséculaires doivent bénéficier d’une haute considération afin de conserver ces témoins du passé devenus si rares. Plantons aussi de jeunes chênes pour les générations futures qui risquent de ne pas avoir cette chance d’admirer et se reposer au pied d’un arbre vénérable. Malheureusement les chênaies ont du mal à reconquérir les sols une fois qu’ils ont été dégradés !

Quercus

Chêne majestueux et couleurs d’automne

Les chênes pédonculés, les chênes rouvres (sessiles), les chênes verts ou lièges sont des sujets qui méritent une place de choix dans un jardin suffisamment grand, pour marquer une entrée ou pour souligner les bords d’un champs, d’une allée ou d’une avenue. Ils offrent également l’avantage de procurer un ombrage agréable, qui restituera la lumière en hiver. Le Quercus frainetto est un chêne gratifiant qui ne prendra pas cinquante ans pour adopter cette stature respectable et cette allure majestueuse que l’on apprécie tant chez ces arbres. Vous pouvez les associer aux érables, platanes, micocouliers (rustiques jusque dans le Nord), tilleuls et sophoras dans un grand parc.

Les cultivars comme la forme pourpre ‘Purpurascens’ ou dorée ‘Concordia’ du chêne pédonculé présentent une moindre vigueur (7 à 15 m). Ces arbres vivement colorés au printemps (Purparescens) ou en été (Concordia) deviendront l’une des pièces maîtresses d’un jardin naturel ou même contemporain suffisamment grand pour les accueillir. Osez les contrastes en les accompagnant du feuillage doré du févier d’Amérique ‘Sunburst’, spectaculaire au printemps, de la couronne étincelante d’un saule argenté (Salix alba) ou d’un peuplier argenté (Populus alba Nivea) ou encore de la floraison violacée d’un Sophora davidii ou bleu vif d’un arbre aux papillons ou d’un céanothe arborescens.

Les chênes rouges d’Amérique, adeptes des terrains frais s’associent avec faste au Metasequoia glyptostroboides Gold Rush, à l’érable champêtre et au Mélèze, qui sont également splendides en automne. On pourra également planter au pied deux espèces de fougères comme Onoclea sensibilis, en sol neutre à acide et humide, au soleil ou à mi-ombre et Dryopteris palustris (Telypteris palustris), idéale dans les scènes de rive ou de marécage, dans l’ombre claire ou au soleil.

Plantez les chênes verts et lièges pour recomposer un fragment de garrigue dans votre jardin en modelant un taillis jardiné autour du tronc. Plantez-les en sujets isolés ou composez un bosquet clair parsemé de vivaces, d’arbustes et d’arbres méridionaux comme les Lychnis, Salvia, Ballota, Cistes, Romarins, Thyms, Teucrium, Phlomis, Buplèvres, Euphorbes et Arbutus unedo.

Le Quercus myrsinifolia qui ressemble de loin à un camphrier, a aussi naturellement sa place en jardin de bord de mer, de façon isolée ou en alignement. Il convient tout autant dans un jardin de style japonais, devant un rideau de bambous, escorté de Nandinas et de petits conifères (Chamaecyparis lawsoniana Yellow SpireChamaecyparis obtusa Chirimen). Pour accompagner son beau feuillage du printemps à l’automne, on pourra aussi choisir parmi de nombreux arbustes à fleurs asiatiques, infiniment raffinés, comme les cerisiers et abricotiers du Japon, les magnolias caducs, les azalées et les camélias d’automne qui requièrent les mêmes conditions de culture.

Pour aller plus loin

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Découvrez la fiche conseil de Sophie : 7 arbres pour jardin de bord de mer et les conseils de Gwenaëlle dans : les plantes résistant aux embruns

Notre fiche conseil : Comment obtenir des truffes au jardin

 

Questions fréquentes

  • Quels chênes choisir pour avoir des truffes ?

    Les espèces suivantes sont le plus souvent utilisées : Quercus petraea, Q. pubescens, Q. ilex. Les chênes truffiers sont plantés souvent déjà inoculés par le champignon, sur sol peu profond, frais et drainé afin de favoriser l’étalement des racines et augmenter la production du fameux or noir.

Commentaires

  • Patricia Aladenise, le 20 Août 2022

    Bonjour,
    Bonjour, je suis dans les landes, comme vous le savez l'été y a été long, sec et très chaud.Mes chênes ont perdu toutes les feuilles (on se croirait en novembre). Que puis je faire pour les sauver ? Je crains l'attaque d'insectes ou autre...Ils sont plus que centenaire...Merci de votre aide

    • Réponse de Ingrid, le 1 Septembre 2022

      Bonjour. C'est un phénomène de survie de l'arbre face à la sécheresse excessive. Vous pouvez consulter notre article pour en savoir plus, car les arbres et les arbustes ont un système de fonctionnement similaire : "Mon arbuste perd ses feuilles en été : pourquoi ?"

Chêne, quercus : planter, tailler, entretenir
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