La christophine ou chayotte : planter, entretenir et récolter

Botanique

Si vous avez un peu voyagé dans les Antilles, vous connaissez certainement la christophine pour l’avoir peut-être dégustée dans un plat local. Appelée chouchou à la Réunion, chouchoute en Polynésie, xuxu au Brésil ou mirliton à Haïti, la chayotte (parfois écrit chayote avec un seul t) est une plante appartenant au genre Sechium qui entre dans la vaste famille des Cucurbitacées. La christophine est donc une cousine de la courgette, des courges et potirons, du melon, des cornichons… mais une cousine exotique qui vient de loin.

En effet, l’histoire de la christophine s’ancre au Mexique et plus généralement en Amérique centrale. Les Aztèques la consommaient régulièrement. Lorsque Christophe Colomb pose un pied aux Amériques, il découvre ce légume-fruit qu’il s’empresse de rapporter dans les cales de ses bateaux. Cette chayotte voyage d’abord du côté des Antilles avant d’atteindre la Réunion. Et puis beaucoup plus tardivement le bassin méditerranéen. La christophine n’arrive sur le continent européen que très récemment, au cours du XIXe siècle. De ce long périple, la chayotte a gardé ses différentes appellations, toutes plus exotiques les unes que les autres ! Plante vivace dans ses pays d’origine, la chayotte est cultivée comme une annuelle sous nos latitudes. À moins de lui offrir un épais paillis hivernal pour protéger les tubercules du froid.

La chayotte est dotée de tiges très volubiles

La christophine appartient donc à la famille des Cucurbitacées. Il s’agit d’une plante vivace par sa souche tubéreuse, grimpante ou rampante. Elle est dotée de tiges, grêles et rameuses qui peuvent atteindre jusqu’à 5 m de long, voire 6 à 10 m si les conditions culturales lui conviennent. Ces tiges s’accrochent à leur support par des vrilles trifides. Si vous souhaitez faire grimper la christophine, il faudra lui fournir un solide support comme un grillage, une treille ou une pergola, mais elle peut aussi se hisser à un arbre grâce à la puissance de ses lianes.

Cette plante vivace à tubercules est dotée de grandes feuilles, cordiformes à la base et terminées en cinq lobes pointus. Les pétioles sont pubescents et les feuilles mesurent généralement de 10 à 20 cm de long.

En tant que plante monoïque, Sechium edule produit, entre juillet et août, des inflorescences unisexuées de couleur blanche à jaune verdâtre. Les inflorescences mâles sont groupées en panicules de 10 à 30 fleurs tandis que les fleurs femelles sont solitaires et axillaires (apparaissant à l’aisselle des feuilles). Chaque fleur est constituée de cinq sépales soudées et de 5 pétales ovales et lancéolés. La fécondation est assurée par les insectes. La plantation d’un deuxième pied, facultative, permet d’augmenter le rendement en fruits par pollinisation croisée.

Fleurs femelles de la chayotte

Les premiers fruits peuvent apparaître dès la fin août car le processus de fructification est rapide. La christophine offre des baies en forme de poire, longues de 10 à 15 cm, à l’aspect bosselé et verruqueux. Ces fruits possèdent une peau épaisse, lisse ou légèrement épineuse, d’une couleur allant du crème au jaune, ou bien d’un vert très pâle presque ivoire. Ces baies parviennent à maturité entre octobre et novembre. Chacun de ces fruits contient une graine unique, d’ailleurs comestible, et une chair blanche et ferme. En tant qu’espèce vivipare, c’est ce noyau qui germe au sein même du fruit. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir apparaître de jeunes pousses à l’extrémité entrebâillée des fruits.

En raison de ses origines exotiques, le feuillage, les tiges et les baies de la christophine sont gélifs. Toutefois, dans les régions au climat doux, les tubercules peuvent rester en terre, protégés par un épais paillis. Dès le retour du printemps, de nouvelles pousses émergeront.

Les variétés de chayotte

Il existe plusieurs variétés de chayotte, ce qui explique que ses baies puissent varier en couleur (vert clair, vert foncé, blanc crème ou jaune) et avoir une peau plus ou moins épineuse. Néanmoins, en France la variété la plus répandue est celle qui donne des fruits vert clair, non épineux, en forme de poire.

Christophine - Chayote

La chayotte produit des fruits piriformes de couleur vert jaune et à la saveur proche de celle de la courgette

• Hauteur à maturité 2 m

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Quand, où et comment planter la chayotte ?

La chayotte peut se montrer particulièrement exubérante. Dans les meilleures conditions de culture, chaque pied peut produire jusqu’à 50 à 80 légumes-fruits !

En raison de ses origines tropicales, la christophine craint le froid. La plantation du fruit se fait donc nécessairement en pot au chaud ; il faudra attendre qu’il n’y ait plus de risques de gel pour installer la plantule en pleine terre. Néanmoins, sur le pourtour méditerranéen, il peut être envisagé une plantation du fruit directement en pleine terre.

Pour rappel, le noyau ne fait qu’un avec le fruit, c’est pourquoi il faut mettre la baie directement en terre.

Quand la planter ?

Le « semis » en pot du fruit entier se fait dès le mois de mars en situation chaude, dans une serre, une véranda ou une pièce lumineuse dotée d’une température d’au moins 20 °C. On peut aussi planter le fruit directement en pleine terre dans les régions au climat très doux dès le mois d’avril.

Ensuite, le fruit semé en pot sera transplanté en pleine terre dès que tous les risques de gelées sont définitivement écartés, aux alentours du mois d’avril à mai suivant les régions.

Chez les chayottes, on plante directement le fruit qui contient une graine unique

La plantation en pot

• Choisir un pot d’au moins 30 cm de diamètre
• Déposer une bonne couche de billes d’argile au fond du pot
• Remplir le pot jusqu’à la moitié d’un bon terreau potager, éventuellement additionné de terre de jardin et de compost bien décomposé
• Poser la chayotte sur le côté
• Replacer de la terre tout autour, en laissant la chayotte affleurer à la surface de la terre
• Arroser généreusement
• Placer le pot sous abri, à un endroit lumineux mais sans soleil direct, à une température d’au moins 20 °C.

La germination intervient assez rapidement en quelques jours.

La transplantation en pleine terre

Lorsque les gelées sont définitivement derrière vous, les plantules de chayotte peuvent être transplantées en pleine terre. Des impératifs s’imposent en termes de sol et d’exposition. La christophine a besoin de soleil et de chaleur. C’est pourquoi elle sera plantée en plein soleil et à l’abri des vents froids du nord, par exemple contre un mur ou un treillage exposé au sud.

Pour la plantation, il faut un sol profond et souple, bien travaillé et léger. Il devra en outre être parfaitement drainé, plutôt frais et humifère, enrichi en matières organiques (fumier, compost…)

Comment planter ? 

• Travailler le sol en profondeur avec une fourche-bêche
• Incorporer du compost bien décomposé ou du fumier
• Creuser un trou et installer la plantule (ou le fruit dans le sens de la longueur)
• Recouvrir de terre et arroser abondamment
• Installer un support solide pour permettre aux tiges de s’y accrocher.

L'entretien de la christophine

Bien que moyennement exigeante, la christophine nécessite toutefois quelques soins pour obtenir une belle fructification. 

Elle est gourmande en eau et a donc besoin d’arrosages réguliers et abondants. Il faut que le sol soit constamment frais pour que la fructification soit correcte. L’ajout d’un bon paillage au pied de la plante permet en outre de conserver un certain degré d’humidité et de limiter les apports d’eau. Les arrosages seront renforcés en période estivale.

Pour limiter la progression des tiges de la christophine et favoriser un développement en largeur et une abondante fructification, il est possible de pincer les jeunes plants au-dessus de la 4e feuille.

Feuillage de la christophine

Un apport de compost est recommandé en période de végétation, au moment de la formation des fruits.

Dans les régions au climat très doux, les tubercules de la chayotte peuvent rester en terre. Pour autant, il faudra les protéger du froid par un épais paillage, constitué par exemple de feuilles mortes et de tontes de gazon sèches.

Maladies et parasites

La christophine n’est pas sujette à des maladies particulières. Étant énormément cultivée dans les Antilles ou l’Amérique centrale, elle y est habituée au fort taux d’humidité. Elle peut par contre craindre les fortes chaleurs estivales très sèches qui risquent de brûler le feuillage et d’impacter la production. Il arrive que les fleurs et les jeunes fruits tombent par forte chaleur.

En termes de parasites, on peut exceptionnellement apercevoir quelques araignées rouges sur le feuillage, et en particulier les jeunes pousses, mais elles sont sans grande conséquence pour la production de fruits. Pour prévenir l’apparition de ce ravageur, il est possible d’asperger le feuillage d’eau fraîche pour maintenir une atmosphère humide. Une pulvérisation de purin d’ortie ou de décoction de prêle peut aussi s’avérer efficace.

Pour en savoir plus : Araignée rouge : identification et traitement.

La multiplication de la chayotte

La multiplication de la chayotte se fait par plantation du fruit.

Récoltez les fruits sur vos plants de chayotte et plantez-les simplement en pot, sous abri, à une température d’au moins 20 °C.

La récolte et la conservation des fruits

La récolte des chayottes s’étale de la fin août au mois d’octobre ou novembre. Les légumes-fruits doivent obligatoirement être récoltés avant les premières gelées qui les détruisent irrémédiablement. En métropole, comme la récolte se fait souvent en une seule fois, il faut suffisamment de place pour conserver les chayottes. Car, les années favorables, la récolte peut être conséquente. Les légumes-fruits peuvent atteindre 500 g à 1 kg et une liane peut produire jusqu’à une cinquantaine de fruits. À pleine maturité, la peau doit être suffisamment épaisse pour résister à la pression des doigts.

La récolte des chayottes s’étale de fin août à novembre

Les chayottes peuvent se conserver plusieurs mois dans une pièce sèche, fraîche (environ 10 °C) et bien aérée, plutôt à l’abri de la lumière. Il est préférable de les étaler plutôt que les empiler pour les conserver.

→ Lire aussi : Comment récolter et conserver les chayottes ?

Comment cuisiner les chayottes ?

Dans la christophine, tout est bon ! En effet, bien qu’elle soit surtout connue pour ses fruits comestibles, ses jeunes pousses et ses feuilles le sont aussi. De plus, la christophine est très peu calorique et riche en vitamine C, minéraux et fibres.

On peut déjà préparer les jeunes pousses bouillies comme des asperges ou fricassées et sautées à la poêle. Les feuilles peuvent être cuites et dégustées comme des épinards. Même les tubercules peuvent se manger frits ou cuits à l’eau. Mais il faut attendre au moins 7 à 8 ans pour les consommer.

Quant aux chayottes, elles se mangent crues ou cuites. Crue, la chayotte se déguste râpée avec une vinaigrette. Pour la manger cuite, il faut dans un premier temps l’éplucher et supprimer le cœur dur. On peut la cuire à l’eau, à la vapeur, au four ou à la poêle pour la préparer en gratin, en ratatouille, en purée, en soupe… seule ou associée à d’autres légumes ou à des féculents (pomme de terre, champignon, oignon, poireau…)

On peut aussi incorporer la chayotte à des mets sucrés (gâteaux, beignets, confitures…)