Aménager un jardin secret

Les "+" d'un jardin secret

On le dit souvent en matière d’aménagement, il est préférable de ne pas voir un jardin dans son entier, mais plutôt de le dévoiler par des espaces successifs : cela permet d’augmenter visuellement sa superficie. Le jardin secret constitue ainsi un des sous-espaces du jardin quand il est grand, et ce jardin à l’écart est un nouvel endroit à découvrir !

Même si l’on dispose d’un coin repos proche de la maison par exemple, en installer un second plus éloigné des regards en guise de jardin secret est une bonne option dans un grand jardin où l’on s’amuse à créer des scènes différentes pour des besoins différents.

Il peut aussi bien sûr s’entendre en jardin en tant que tel si l’espace reste plus réduit et que l’on souhaite créer un univers emprunt de mystère, et surtout, à l’abri des regards. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit d’un jardin urbain ou quand on habite en agglomération à forte densité, où la proximité du bâti met l’intimité à rude épreuve.

Enfin, le jardin secret cultive le sentiment d’évasion : on s’y sent ailleurs, loin du monde, comme déconnecté par l’ambiance touffue et reposante qu’il procure.

Un petit jardin de ville à la fois secret et reposant…

Quel type d'espace créer ?

Le jardin secret nous transporte vers une zone intime, calme, où l’on aime à se retrouver loin du tumulte de la ville, ou de l’animation de la maison.

Ce cocon est souvent un coin de lecture ou de repos dans un grand jardin installé dans un endroit paisible, et dans le cas d’un jardin urbain, il s’agit de composer un univers où l’on conserve les zones détente et repas, souvent les deux seules possibles, judicieusement séparées par des claustras ou des végétaux.

Dans les deux cas, niche dans le grand jardin ou jardin de ville, on installera chaises ou banc pour amener l’esprit bien-être et contemplatif. Quand on a la chance de disposer de murs clos, le jardin secret y est une option charmante, car il bénéficiera d’un espace déjà abrité des regards ! Ceux qui possèdent un jardin en pente trouveront là une belle occasion de créer un jardin en terrasse dissimulé derrière une haie basse.

On peut appuyer le côté alcôve en démarquant l’espace par une plate-forme en bois ou une mini-terrasse dans les jardins de ville. Profitez aussi de la présence d’escaliers à la campagne pour installer ce jardin secret au bout d’un cheminement, à l’abri des regards.

Ici, l’espace plutôt ouvert est gardé secret par l’accès intimiste des escaliers

Le mobilier du jardin secret

Le jardin secret dispose d’un mobilier ayant la faculté de délimiter convenablement et harmonieusement ce petit recoin : on y installe des structures légères qui laissent passer la lumière comme des pergolas, des treilles, une clôture suffisamment haute et ouverte (type claustra, ganivelle ou barrière ajourée). Les brocantes spécialisées en ferronnerie permettent d’installer de belles grilles ou anciennes portes patinées qui serviront également de support aux plantes. Dans un grand jardin, une gloriette ancienne peut à elle seule habiller l’espace.

Pour parfaire l’atmosphère intimiste, les assises s’avèrent indispensables. Elles rajoutent au charme de l’endroit : banc bas en pierre, banc en bois ou en métal, transat ou chaises confortables, table en fer forgé seront les compagnons des instants zen.

Enfin les pots et bacs, dans le cas de jardin urbain ou de patio, sont agencés de façon à entourer le recoin lecture. Dans les petits jardins secrets, il contribuent même à créer une séparation, et, installés en nombre, procurent un côté blotti. Il seront choisis suffisamment grands ou comportant des végétaux de strate moyenne.

Gloriette, grille légère et grimpantes, chaises et pots, barrière dans son jus : quelques-uns des nombreux éléments du jardin secret (photos ©Vernea Fotografiert et Gwenaëlle David)

Garder le mystère

Que l’on aménage un petit ou un grand jardin, on souhaite pour son jardin secret garder le mystère du lieu, et en flouter les contours et l’entrée.

Pousser une porte, accéder via un petit escalier, marquer subtilement un dallage dans le gazon pour suggérer l’approche imminente d’un autre univers, pénétrer dans l’antre secrète par un lacis végétal ou une treille foisonnante… Les astuces sont multiples pour que ce jardin soit mis en retrait. La porte est l’accessoire romantique et champêtre, utilisable dans les grand jardins, où elle sera en bois ou telle une grille ajourée, mais on peut aussi la concevoir dans le jardin plus modeste. Elle sera alors choisie plus volontiers ouvragée afin de laisser passer plus de lumière, comme avec un moucharabié par exemple. Encore plus discrète, la porte végétale est crée par un percée au milieu d’une haie dense.

La porte, végétale ou en dur, est l’élément majeur pour pénétrer dans ce second univers

La vision du jardin secret est également magique quand elle se fait au travers d’un occulus (une trouée végétale), un tunnel ou un mur végétal. C’est l’écran « vivant » que l’on aime pour laisser deviner une autre atmosphère au-delà du paravent verdoyant.

Porte, passerelle, trouée végétale matérialisée par une ferronnerie, arche végétale… autant de manières de laisser entrevoir le jardin secret

Une petite haie, taillée ou non, vient aussi délimiter et occulter ce jardin des regards indiscrets dans les jardins les plus grands. En ville, par manque de place on la remplace souvent par un claustra végétalisé, ou quand on peut en récupérer une, une jolie barrière nonchalamment entrouverte.

Ici un claustra peint en vert isole du reste du jardin le recoin secret …

Quand l’espace extérieur est déjà sur deux niveaux, le jardin secret peut facilement se concevoir en second plan, dévoilé au bout de quelques marches, dans un dernier prolongement : c’est le jardin à tiroirs qui crée la surprise !

Le jardin secret est dans ce jardin bien caché, l’ultime étape après une volée de marches moussues

Quelles plantes pour un jardin secret ?

On recherche avant tout des plantes couvrantes aux abords du jardin, qui le délimiteront et formeront en même temps le cocon recherché. On s’appuie donc sur des végétaux essentiellement persistants pour un minimum de structure et des végétaux grimpants, de type liane, ou au port particulièrement retombant.

Le jardin secret s’élabore aussi autour de plantes essentiellement ornementales par leur feuillage plus que par leur floraison, pour conserver un esprit presque jungle ou sauvage. L’idée est de créer une immersion totale au cœur de la végétation pour s’extraire du bruit ou de l’agitation. On y intègre aussi quelques floraisons grâce notamment aux grimpantes.

En ville, ce jardin secret revêt un charme tout particulier grace au fouillis végétal et à l’accumulation de contenants. Les immeubles voisins disparaissent presque.

A l’intérieur de cet écrin de verdure, selon sa taille, on pourra intégrer deux ou trois arbustes : par exemple un conifère à port fastigié qui prend peu de place pour amener une verticale et un arbuste coloré, par son feuillage ou sa floraison, pour amener de la couleur comme un sureau, un physocarpus ou un érable du Japon.

Dans un jardin de ville ou un patio urbain, ce jardin devient un vrai paradis secret quand on y implante une quantité de pots ou de plantes compactes, mais enveloppantes : créez un dédale de potées en jouant avec les fougères, des bambous, des bananiers nains qui se plairont en ambiance exotique.

Voici quelques végétaux incontournables du jardin secret :

• Les grimpantes : occupant peu de place au sol, elles ont l’avantage d’être très couvrantes, foisonnantes tout en laissant percer la lumière : les clématites au soleil ou à mi-ombre, les hydrangea grimpants pour l’ombre, le lierre, les rosiers grimpants au soleil ou à mi-ombre, l’Holboelia et l’Akebia à mi-ombre, le houblon, la vigne vierge (Parthenocissus tricuspidata) en grand jardin, le jasmin et le chèvrefeuille pour le parfum, etc. Installez toujours un mélange de plantes caduques et persistantes.

• Les bambous : imparables en terme de cloisonnement végétal et de brise-vue, les bambous constituent un des meilleurs écrans, notamment en ville. Ils ont en effet une pousse rapide. Mais on choisira toujours des bambous non traçant pour s’éviter une propagation incontrôlable au jardin.
• Les plantes vivaces et graminées : elles contribuent, lorsqu’elles sont opulentes, à augmenter l’isolement du jardin. Une densité de plantation est impérative. Par exemple : Aruncus diocus en terrain frais, Miscanthus sinensis pour les potées ou la pleine terre, Arum géant…
• Les arbustes choisis pour leur expansion ou légèreté : Fuschia magellanica, Hebe, Choisya ternata, sureaux et Philadelpus…
• La haie persistante ou semi-persistante : charmille, fusain, troène…

→ Pour un jardin de ville : souvent soumis à une ombre dense, on privilégiera les fougères (Dryopteris), les bambous sacrés (Nandina domestica), les Mahonias, Camelia, érables du Japon, Choisya ternata (oranger du Mexique), …

Fargesia rufa, Sambucus nigra, chèvrefeuille, glycine, barbe de bouc, charmille et Miscanthus sinensis