Terre et sable : la tendance jardin qui adopte les plantes du désert

Les caractéristiques du jardin désertique

Aujourd’hui, de nombreux jardins sont impactés par des périodes de sécheresse qui se font de plus en plus fréquentes. La tendance est à la création de jardins secs, sans ou avec très peu d’arrosage. Le jardin désertique est conçu pour imiter l’environnement aride des déserts, privilégiant la résilience et le faible entretien. Des végétaux sobres et endurants aux aléas climatiques le composent, étant adaptés pour résister aux conditions extrêmes, telles que la sécheresse, le plein soleil et les sols pauvres. C’est un choix paysager respectueux de l’environnement, car il limite les besoins en eau et en fertilisants, sans rien sacrifier à l’esthétisme.

La palette végétale

Le jardin désertique évoque les vastes contrées sauvages de l’Ouest Américain et ses panoramas lunaires désertiques, les mythiques Grand Canyon, Monument Valley et Yosemite. L’atmosphère respire les tons chauds de la terre et la poussière ocre, une terre aride ponctuée de plantes remarquablement graphiques et rompues à la sécheresse et à la chaleur, se détachant sur fond de ciel bleu. La roche, la terre et le sable blond deviennent des éléments de décor à part entière et y sont mis en scène. Quelques floraisons spectaculaires renforcent l’impression de chaleur et de lumière. Cette harmonie de couleurs rappelle la beauté brute des déserts et se caractérise par :

• Des tons terreux : Les bruns, beiges, terracota et ocres dominent, rappelant le sol sablonneux et les formations rocheuses typiques des déserts. Ces coloris naturels servent de toile de fond neutre, mettant en valeur la végétation.
• Le jaune et le orange : Ces couleurs chaudes évoquent les levers et couchers de soleil qui baignent le paysage désertique et les nuances des roches. Elles apportent des touches éclatantes, joyeuses et énergisantes au jardin.
• Le gris-bleuté et le violet : les teintes bleutées ou violacées ajoutent une dimension de fraîcheur et de mystère à la palette de couleurs. Elles contrastent agréablement avec les tons chauds.
• L’argenté : il reflète la lumière du soleil, amène de la luminosité et offre un contraste rafraîchissant aux tons terreux.

Iris germanica ‘Evolution’ et Linaria ‘Licilia Azure’

Les bonnes conditions de culture

Est-il possible de se concocter un petit coin de désert quand on ne bénéficie pas d’un jardin exposé plein sud, si on habite au nord de la Loire ou dans des régions plus froides ? En réalité, bien des régions peuvent s’y prêter. Le dérèglement climatique redessine le paysage végétal et les conditions de plantation en France. De plus en plus de régions sont concernées par de longues périodes chaudes et sèches. Certaines espèces méditerranéennes comme l’olivier migrent déjà dans le nord pour y trouver un peu d’air frais. Dans les régions les plus froides, il faudra adapter les plantations avec une base de plantes ne posant pas de problèmes de rusticité. Dans les jardins du nord de la France, les plantes les plus frileuses devront être installées dans de grands pots, en choisissant avec soin l’endroit le plus abrité et ensoleillé, pour recréer un décor inspiré du Far West, tandis que d’autres pourront y être plantées directement en pleine terre. Certaines auront simplement besoin d’une protection contre le gel en hiver. Vérifiez bien la rusticité des plantes choisies selon votre zone climatique avant de vous lancer. Pour déterminer quelles sont les plantes adaptées à votre jardin, utilisez notre application Plantfit !

Pour aménager un jardin désertique, il est essentiel de recréer les conditions qui permettent aux plantes typiques des déserts de prospérer. Il s’agit de recréer au mieux l’écosystème de ces régions. Il faut réunir les conditions de cultures optimales :

• Une nature de sol adaptée : dans l’idéal, il doit être sableux ou caillouteux pour permettre à l’eau de s’écouler rapidement. Contrairement aux jardins traditionnels, un jardin désertique nécessite un sol avec peu de matière organique. Les plantes du désert sont adaptées à des conditions de croissance pauvres et peuvent souffrir si le sol est trop riche.
• Un bon drainage : la plupart des plantes résistantes face aux conditions de chaleur et de sécheresse extrême requièrent un très bon drainage. Elles s’adapteront dans tout sol ordinaire du moment qu’il ne retient pas l’eau. L’excès d’humidité dans le sol est délétère pour les plantes adaptées aux conditions arides. En terre lourde ou argileuse, il sera impératif de faire un apport en matériaux drainants avec du sable de rivière et du gravier. Des roches et des graviers peuvent aussi être ajoutés en surface pour imiter le sol désertique et aider à retenir la chaleur. Pour en savoir plus, découvrez nos fiches conseil : Comment rendre mon sol plus drainant ? et Jardiner en sol sec ou filtrant
• Une bonne exposition : Les plantes désertiques nécessitent une exposition très ensoleillée pendant la majeure partie de la journée. Choisissez un emplacement qui reçoit au moins six à huit heures de soleil direct chaque jour.

Quelles plantes pour un jardin du désert ?

À l’échelle de leur jardin, les jardiniers doivent donc repenser leur choix de plantes pour s’adapter à la nouvelle donne climatique. Désormais, on recherche des végétaux « chameau ». Ce type de jardin privilégie une flore xérophyte, c’est-à-dire capable de survivre sans eau pendant de longues périodes, donc adaptée à des conditions sèches. Parmi les championnes parfaitement armées contre la sécheresse et les longs étés chauds : les cactus et les plantes grasses aussi appelées succulentes qui possèdent la capacité de stocker de l’eau dans leurs tissus. Elles se montreront imperturbables sous le soleil, face à la chaleur et si la pluie vient à déserter ! Les plantes à feuillages glauques ou argentés font également partie du répertoire. Elles présentent un système de défense pour réfléchir le rayonnement solaire et même des adaptations morphologiques (petites feuilles, poils, épines…) contribuant à lutter contre la transpiration et à mieux résister aux périodes de sécheresse. Quelques annuelles ou vivaces fleuries accommodantes apporteront une touche colorée rafraichissante. Parmi ces belles au tempérament résilient :

• L’Agave americana : Incontournable !  Très architecturale, elle forme des rosettes monumentales pouvant atteindre 1,50 m de haut avec de grandes feuilles succulentes et bordées d’épines, de couleur gris-bleu. Rustique jusqu’à environ -8°C en sol parfaitement drainé, elle se cultivera en pleine terre en climat doux, dans de grands pots à remiser l’hiver partout ailleurs. L’Agave montana est une autre espèce, tout aussi graphique, rustique jusqu’à -20 °C, plus facile à acclimater dans presque toutes nos régions.
• Le Dasylirion wheeleri : cette plante de climat semi-désertique développe de gros oursins spectaculaires bleutés larges de 80 cm à 1 m. Rustique jusqu’à -15 °C, il se plante dans la plupart de nos jardins et résiste assez bien au froid.
• Le Senecio mandraliscae : une jolie succulente persistante appréciée pour son beau feuillage bleu-argenté qui tapisse le sol formant un buisson bas de 1 m de hauteur au maximum sur plus de 2 m de largeur avec le temps. Frileux (-5 °C en sol parfaitement sec l’hiver), il se cultive facilement en pot, ce qui permet de l’abriter du gel en hiver en dehors de la zone de l’oranger.
• La Santolina chamaecyparissus : encore un arbrisseau persistant armé contre la sécheresse et adapté aux sols pierreux. Elle forme des touffes de feuillage gris argenté, très odorant au froissement, évoquant celui d’un cyprès, et se couvre de petits boutons jaune d’or en été. Rustique jusqu’à -20°C, elle s’installe au soleil dans tout substrat ne retenant pas l’humidité.
• L’aeonium en arbre ‘Schwarzkopf’ : ce curieux arbuste, évoquant les plantes du désert, porte au bout de ses branches des rosettes de feuilles succulentes, rouge-brun presque noir. Peu rustique (-4°C), il se cultive en pot sans difficulté, ce qui permet de l’abriter du froid en hiver.
• L’Iris germanica ‘Evolution’ : un iris des jardins vivace, rustique, résistant à la sécheresse et aimant les sols bien drainés, plutôt secs. En avril-mai, il dresse de petites fleurs aux pétales sable cuivré et aux sépales gris retouchés de barbes jaune d’or.
• La linaire du Maroc ‘Licilia Azure’ : une annuelle qui fleurit tout l’été dans différents tons de bleu rafraichissants. Naturalisée dans le sud-est des États-Unis, cette belle californienne apprécie le soleil, la chaleur, ainsi que les sols pierreux ou sableux très bien drainés.
• L’aloe ‘Safari Sunrise’ : cette succulente aux tons doux et chauds forme une rosette hérissée de feuilles vert grisé, persistantes et dentées, surmontée, en fin d’hiver, par des épis de fleurs dans des teintes crème, puis corail. Peu rustique, elle est à réserver aux climats doux, mais se cultive aussi très bien en pot.
• Le pavot de Californie ‘Alba’ : avec ses corolles blanc crème à jaune pastel, il apporte une touche tendre au décor se ressemant facilement dans les sols légers.
  

  Agave americana ‘Mediopicta’, Dasylirion wheeleri, Senecio mandraliscae, Aeonium arboreum ‘Schwarzkopf’, Aloe ‘Safari Sunrise’ et Iris germanica ‘Evolution’

Parfaire le décor

Pour parfaire le code couleur terre et sable, privilégiez les matériaux naturels. Le matériau terre se retrouve dans les poteries, la brique, et on organise un décor authentique qui privilégie le naturel et les matériaux bruts en accord avec les contraintes environnementales. Ils s’intègreront parfaitement dans ce genre de décor et participeront à cette ambiance dépaysante. Ces teintes sableuses et terreuses pourront être mises en scène par le biais de poteries ou de grandes jarres en terre cuite. 

Roches et graviers y dessinent des sentiers sinueux, des bordures, ou simulent des lits de rivières asséchés. L’occasion également d’utiliser des enrochements ou des paillages minéraux à base de pouzzolane ou de graves basaltiques pour réduire l’évaporation de l’eau, contrôler les mauvaises herbes et renforcer l’aspect brut. Le gravier, en particulier dans des teintes claires, imite l’apparence du sol désertique et facilite l’entretien. Une peinture ocre ou terracotta pourra recouvrir un mur par exemple ou quelques potées. Ces coloris rehaussent les autres teintes, apportant contraste ou harmonie avec les floraisons chaudes et la végétation environnante.

Aeonium arboreum ‘Schwarzkopf’