Pourquoi mon abricotier ne fructifie pas ? Les causes et les solutions

Les conditions climatiques

Gelées tardives et chaleurs excessives

Au printemps, les températures doivent être suffisamment élevées pour favoriser la floraison et la pollinisation. Des gelées tardives peuvent endommager les fleurs, empêchant ainsi la formation des fruits. En été, des températures trop élevées peuvent également nuire à la fructification. La chaleur excessive (+ de 35°C) peut provoquer un stress hydrique, réduisant la quantité et la qualité des fruits.

Certaines variétés fleurissent tardivement, ce qui limite le risque de dégâts dus aux gelées printanières. C’est le cas du célèbre abricotier polonais, mais nous avons toute une sélection d’abricotiers cultivables dans la moitié nord de la France.

Solutions pour protéger votre abricotier

Pour protéger l’abricotier des gelées tardives, il est conseillé de choisir un emplacement abrité pour la plantation, de préférence sur une pente orientée au sud pour bénéficier de la chaleur et éviter les poches de gel. En cas de prévision de gelée, couvrir les arbres avec un voile d’hivernage peut offrir une protection efficace.

En été, pour lutter contre la chaleur excessive, il est essentiel d’assurer un arrosage régulier et suffisant, en particulier lors des périodes de sécheresse. Un paillage au pied de l’arbre peut aider à conserver l’humidité du sol et à maintenir une température plus fraîche. Enfin, l’installation d’un voile d’ombrage peut également contribuer à protéger l’abricotier des effets néfastes du climat estival.

Des fleurs ou bourgeons affectés par une gelée tardive ne donneront plus de fruits.

Les carences éventuelles

Pour une fructification optimale, l’arbre a besoin d’une alimentation équilibrée en macro et micronutriments. Les trois principaux nutriments – azote (N), phosphore (P), et potassium (K) – sont indispensables. L’azote est crucial pour la croissance végétative, le phosphore pour le développement des racines et la floraison, et le potassium pour la formation et la qualité des fruits.

• Azote (N) : une carence en azote se traduit par un feuillage pâle ou jaunâtre et une croissance lente. Les feuilles inférieures peuvent jaunir et tomber prématurément. L’absence d’azote affecte également la floraison et la formation des fruits. Solution : Le compost et le fumier bien décomposé sont d’excellentes sources d’azote.
• Phosphore (P) : les signes de carence en phosphore incluent un retard de croissance et des feuilles présentant une coloration rougeâtre ou pourpre. La floraison peut être retardée, et le développement des racines est souvent insuffisant, ce qui affaiblit l’arbre. Solution : La farine d’os se révèle riche en phosphore.
• Potassium (K) : un manque de potassium se manifeste par des bords de feuilles brunis et enroulés, et une sensibilité accrue aux maladies. La carence en potassium affecte la qualité des fruits, qui peuvent être plus petits, moins sucrés et moins juteux. Solution : La cendre de bois est une bonne source naturelle de potassium.

Pour bien produire, un abricotier doit avoir à disposition les nutriments essentiels.

Les maladies et les parasites

Maladies courantes affectant la fructification

Les maladies peuvent gravement affecter la capacité de l’abricotier à fructifier. Voici les plus courantes :

• Moniliose : Aussi connue sous le nom de pourriture brune, la moniliose est causée par un champignon qui attaque les fleurs, les rameaux et les fruits. Les symptômes incluent des taches brunes sur les fruits, qui finissent par pourrir. Les fleurs et les jeunes rameaux peuvent également se flétrir et mourir. Cette maladie se propage particulièrement lors des périodes humides et pluvieuses. Solution : le purin d’ortie est efficace en traitement préventif.

→ Pour en savoir plus sur cette maladie des fruitiers, lisez Moniliose : identifier et traiter.

• Oïdium : L’oïdium est une maladie fongique qui se manifeste par un feutrage blanc et poudreux sur les feuilles, les pousses et les fruits. Elle entraîne une réduction de la photosynthèse, affaiblit l’arbre et affecte la qualité des fruits. Les fruits touchés peuvent présenter des croûtes et être déformés. Solution : la pulvérisation d’une préparation à base d’une cuillère à café de bicarbonate de soude dissout dans 1 litre d’eau ou un traitement au lait de vache écrémé dilué dans l’eau sont des solutions efficaces contre l’oïdium.

→ Inquiet à cause de l’oïdium ? Pensez à lire Oïdium ou maladie du blanc : prévention et traitement.

Le p’tit mot d’Oli : Enlevez et détruisez les fruits momifiés et les parties de l’arbre atteintes par les maladies pour réduire les sources d’infection. Taillez aussi régulièrement pour favoriser une bonne circulation de l’air et limiter l’humidité près des fruits.

Abricot atteint de monoliose.

Identification des parasites

Les parasites peuvent également entraver la fructification en affaiblissant l’arbre :

• Pucerons : Ces petits insectes suceurs de sève se regroupent souvent sur les jeunes pousses et les feuilles. Les pucerons excrètent du miellat, qui favorise le développement de la fumagine, une moisissure noire. Les symptômes incluent des feuilles déformées et collantes, et une croissance ralentie. Solution : laissez faire la nature (les larves de coccinelles et de syrphes se feront une joie de venir vous aider face aux pucerons). Sinon une bonne douche devrait suffire à déloger un grand nombre de pucerons.

→ Marre des pucerons ? découvrez toutes nos astuces dans notre fiche conseil Pucerons : lutte, traitement et prévention.

• Cochenilles : Les cochenilles sont des insectes qui se fixent sur les branches et les feuilles, formant des amas de petites carapaces blanches ou brunes. Elles sucent la sève de l’arbre, affaiblissant ainsi sa vitalité et réduisant sa capacité à fructifier. Les cochenilles excrètent également du miellat, donc il y a un risque d’apparition de fumagine. Solution : Enlevez manuellement les cochenilles avec une brosse douce.

→ Les cochenilles sont des insectes fascinants. Si, si ! Découvrez-en plus en lisant Cochenilles : identification et traitement naturel.

La taille de l'abricotier

La taille de l’abricotier permet de réguler la croissance de l’arbre, d’optimiser la pénétration de la lumière et de l’air et de prévenir les maladies. Voici quelques techniques de taille pour favoriser la fructification :

• Taille de formation : effectuée les premières années après la plantation, elle vise à donner à l’arbre une structure solide et bien équilibrée. On choisit généralement une forme en gobelet ou en vase, qui permet une bonne aération et une meilleure exposition à la lumière. Cette taille consiste à supprimer les branches latérales trop basses et à favoriser la croissance de branches principales bien réparties.
• Taille de fructification : cette taille est effectuée en hiver, lorsque l’arbre est en dormance. Elle consiste à raccourcir les branches de l’année précédente pour stimuler la production de nouvelles pousses fructifères. Il est important de conserver les brindilles garnies de boutons floraux et de supprimer les rameaux qui poussent vers l’intérieur de l’arbre ou se croisent.
• Taille de renouvellement : elle vise à rajeunir l’arbre en supprimant les branches âgées ou peu productives. Cette taille stimule la croissance de nouvelles branches vigoureuses et facilite une meilleure répartition des fruits.

Nota bene : taillez à la bonne période (automne ou sortie d’hiver), ne taillez pas lorsqu’il gèle, évitez les coupes sévères et utilisez du matériel de coupe propre et bien affûté !

Bien taillé, l’abricotier est fructifère.

L'âge de l'abricotier

L’âge de l’abricotier a une influence directe sur sa capacité à fructifier. Un jeune abricotier peut mettre plusieurs années avant de produire des fruits, tandis qu’un abricotier âgé peut voir sa production diminuer avec le temps.

En effet, un jeune abricotier, âgé de 1 à 3 ans, concentre d’abord son énergie sur la croissance de son système racinaire et de son feuillage. La floraison et la fructification peuvent être sporadiques ou absentes pendant les premières années. Durant son jeune âge, n’oubliez pas de l’arroser régulièrement, mais sans excès.

Un abricotier âgé, souvent de plus de 20 ans, peut voir sa production de fruits baisser en raison de la fatigue de l’arbre, de la dégradation de sa structure et de la concurrence entre les branches. Pour revitaliser un vieil abricotier et améliorer sa fructification, des soins spécifiques sont nécessaires :

• Taille de rajeunissement : effectuez une taille de rajeunissement en automne ou en fin d’hiver pour éliminer les branches mortes, malades ou trop vieilles. Cette taille favorise la croissance de nouvelles pousses vigoureuses et stimule la production de fruits. Il est recommandé de tailler environ un tiers des branches chaque année pour éviter un stress excessif.
• Amendement du sol : appliquez du compost ou du fumier bien décomposé autour de l’arbre pour enrichir le sol en nutriments essentiels.
• Gestion de l’eau : assurez un arrosage adéquat, surtout pendant les périodes de sécheresse.
• Surveillance des maladies et des parasites : les vieux abricotiers sont plus susceptibles aux maladies et aux parasites. Surveillez régulièrement l’arbre et appliquez des traitements préventifs et curatifs en cas de besoin.

Les vieux abricotiers produisent souvent un peu moins.

Une mauvaise pollinisation

Pas d’insectes, pas de fruits ! Sans une pollinisation adéquate, les fleurs de l’abricotier ne peuvent pas se transformer en fruits, entraînant une récolte médiocre, voire inexistante. S’il fait trop froid durant la floraison (mars-avril), non seulement les fleurs peuvent être endommagées, mais en plus, les insectes seront peu présents pour visiter les fleurs.

Mais un abricotier tout seul fructifiera peu (ou pas du tout !). Planter une diversité de variétés d’abricotiers est un facteur important pour assurer une bonne pollinisation et une fructification abondante. Bien que la plupart des abricotiers soient autofertiles, certaines variétés sont auto-stériles (exemple : abricotier NJA19), ce qui signifie qu’ils ne peuvent pas se polliniser eux-mêmes et nécessitent la présence d’une autre variété compatible pour la pollinisation croisée à moins de 100 m de lui.

Ceci dit, même les variétés auto-fertiles peuvent bénéficier de la pollinisation croisée, qui améliore la qualité et la quantité des fruits. Planter plusieurs variétés d’abricotiers compatibles (c’est-à-dire fleurissant au même moment) à proximité peut donc augmenter les chances de pollinisation réussie et améliorer la production globale.

Le p’tit mot d’Oli : les abeilles et autres insectes pollinisateurs iront visiter les fleurs de votre abricotier si votre jardin est accueillant pour eux. Plantez des fleurs et des plantes mellifères autour de l’abricotier, oubliez les biocides et laissez entrer la Nature !

Pas de butineurs… pas de fruits !

Le phénomène d'alternance

L’alternance de la production, ou biennalité, est un phénomène courant chez les abricotiers, où l’arbre produit une récolte abondante une année, suivie d’une faible production l’année suivante. Ce cycle peut être attribué à plusieurs facteurs :

• Ressources énergétiques : une année de forte production épuise les réserves de l’arbre en nutriments et en énergie, ce qui le laisse affaibli et moins capable de produire une abondante floraison l’année suivante.
• Élagage et gestion : une taille inadéquate ou un manque de soins peut exacerber le phénomène d’alternance. Si l’arbre n’est pas correctement élagué, il peut produire trop de fruits une année et trop peu l’année suivante.
• Stress environnemental : des conditions climatiques défavorables ou un stress hydrique peuvent déclencher l’alternance de la production en perturbant la croissance normale de l’arbre.

Pour réduire, un peu, ce phénomène d’alternance, on doit élaguer de manière à aérer la ramure de l’arbre. Mais, on va aussi tailler en vert et éclaircir les fruits afin d’en obtenir de plus gros et plus savoureux. Enfin, une bonne fertilisation et un arrosage régulier devrait aussi aider à limiter la biennalité.