Dans notre joyeuse bande de la rédaction, répartie partout en France et même en Belgique, chacun a son petit favori végétal ! Cette répartition géographique nous permet d'embrasser une diversité de climats et de cultures du jardin, enrichissant ainsi notre sélection de plantes. Sélectionnées pour leur robustesse face à la sécheresse, leur croissance rapide, leurs floraisons spectaculaires ou pour leurs feuillages remarquables, ces plantes ont illuminé nos jardins cette année. Voici les vedettes végétales qui ont captivé notre équipe en 2023, reflétant un mélange unique de connaissances et d'expertises riches et variées.

Alexandra : l'Akebia longeracemosa

J’ai toujours aimé le feuillage délicat des Akebias. Ces plantes grimpantes offrent une végétation généreuse, sous forme de jolies feuilles palmées, généralement divisées en cinq folioles. Leurs tiges s’enroulent toute seule autour de leur support, ce qui leur permet de grimper. Au printemps de l’année dernière, j’ai acheté deux plants, un Akebia quinata et un Akebia longeracemosa. Je les ai plantés tous les deux contre un mur orienté au nord, et j’ai dirigé leurs tiges le long d’une montée d’escalier. Je dois dire que je suis vraiment ravie par l’Akebia longeracemosa, il offre un feuillage encore plus délicat et graphique que l’Akebia quinata : ses folioles sont plus étroites et d’un vert plus foncé. Chez moi, il a fleurit vers la mi-mai, et a donné de ravissantes petites grappes de fleurs pourpres ! Je trouve sa floraison plus décorative et originale que celle de l’A. quinata. Je serais curieuse de le voir fructifier, puisqu’on peut faire de la confiture avec les fruits d’akebia ! C’est une plante facile à vivre, qui pousse assez vite et demande peu d’entretien, si ce n’est de guider ses tiges sur leur support pour permettre une croissance harmonieuse. De plus, la floraison de cet akebia se marie à merveille avec l’ancolie Aquilegia atrata que j’ai planté à ses pieds et qui fleurit au même moment dans les mêmes tons pourpres !

Akebia : feuillage et floraison
Le feuillage palmé et les fleurs de l'Akebia longeracemosa

Elisabeth : le Convolvulus mauritanicus

J’ai un faible pour le Convolvulus mauritanicus depuis longtemps et je ne le savais pas. Pour réparer cette injustice, je l’inscris cette année sans hésitation au palmarès des plantes préférées de notre équipe éditoriale. Ce Liseron de Mauritanie doit soit autre nom d’espèce, C. sabatius, à la ville de Savone située sur la Riviera italienne. Tout un programme ! Peu importe d’où elle vient, cette petite plante coureuse que les anglophones surnomment « Liseron des roches bleues », s’avère l’une des meilleures de mon jardin provençal. 

Ce qui rend le Convolvulus sabatius si précieux à mes yeux, c'est sa résilience et sa capacité à garnir le pied de mes arbustes de garrigue tout au long de l’année. Ici, son feuillage persiste en hiver et sa floraison est abondante au printemps, puis à l'automne. Elle a quelque chose de primesautier : des petits liserons d’un bleu mauve lumineux posés sur un tapis moelleux de menues feuilles vertes. L’ensemble compose un tableau très frais. J’aime beaucoup son association avec le ciste des Corbières, Cistus corbariensis. Cette harmonie de tons clairs combinée à des textures végétales très différentes tutoie la perfection au printemps : le ciste des Corbières est un gros buisson vêtu de petites feuilles rugueuses et de corolles en soie blanche, sa silhouette rustique émerge doucement du liseron, petite mer ondulante parsemée de fleurettes azurées. Un duo élégant, sans eau et sans entretien.

L’autre atout de ce liseron de Mauritanie est sa capacité à se faufiler, sans en avoir l’air, à travers les buissons et autres plantes voisines : rosiers couvre-solmyrte de Tarente ou sauges arbustives en particulier. Cette caractéristique est très intéressante pour créer des scènes d’allure naturelle sans effort, tissant un tapis fleuri entre les différentes strates d’un massif. Fiable et fidèle, c’est une plante sans souci qui m’accompagne depuis des années.

Sophie : le Schninus Molle

Pour ma part, c'est le Schninus Molle ou faux-poivirier qui a remporté la palme cette année. Vivant sous le soleil généreux du sud, j'ai un penchant pour les plantes qui savent tenir le coup quand le mercure grimpe. Le Schninus Molle, c'est le champion insoupçonné des jardins du sud. Il fait face à la sécheresse et à la chaleur avec une aisance déconcertante et sa croissance rapide m'a permis de végétaliser en peu de temps un espace vide. Cerise sur le gâteau, il est persistant, gardant son allure verdoyante toute l'année. Ce qui le distingue, c'est aussi son port pleureur très élégant et son feuillage fin et découpé. Ses baies roses, qui le parent à partir de la fin de l'été, ajoutent une touche de couleur délicate et contrastent joliment avec le feuillage vert franc. Elles sont comestibles et je les utilise en cuisine comme le poivre. En plus de son esthétique très plaisante, le faux-poivrier est doté d'un feuillage aromatique. Lorsqu'on le froisse entre les doigts, il libère un parfum subtil et agréable, légèrement poivré, ajoutant une dimension sensorielle à son charme.

À taille adulte, cet arbre atteindra 5 à 6 m de hauteur pour 3 à 4 m de largeur, dimensions qu'il a quasiment atteintes aujourd'hui après seulement 5 ans de culture, ayant été planté sous la forme d'un jeune plant d'environ 60 cm, dans un sol pauvre et argileux... c'est dire sa rapidité de croissance ! Avec sa rusticité relative, il est à réserver aux régions du pourtour méditerranéen ou du littoral atlantique, car il supporte des gelées de l'ordre de -6°C à -8°C maximum une fois adulte.

schinus molle, faux poivrier
Schinus molle

Gwenaëlle : la Salvia farinacea 'Mystic Spires Blue'

Cette année, moins problématique que les deux précédentes pour mon jardin avec l'été pluvieux que l'on connait, j'ai hésité entre plusieurs plantes. Mais il y a quand même deux vivaces qui m'ont particulièrement comblée : tout d'abord une sauge herbacée d'un bleu incroyable qui a fleuri sans discontinuer jusqu'à fin novembre : la Salvia farinacea 'Mystic Spires Blue'. C'est, avec les Fuchsia magellanica (dont je vous parlais l'an dernier) et les Penstemon, la floraison la plus longue dans mon jardin angevin. Un vrai petit lapin Duracel ! (si cette image vous dit quelque chose…). Installée dans un massif de plein soleil, achetée en petit godet pour à peine plus d'1 euro, elle a très vite pris ses aises et renouvelé inlassablement ses épis d'un bleu éclatant. Les papillons monarque et butineurs l'adorent ! Il ne me reste plus qu'à tester sa résistance au froid cet hiver avec le paillis installé précautionneusement cet automne, car elle reste une sauge herbacée...

Autre satisfaction : les Cyclamens hederifolium que j'avais dû déplacer il y a 3 ans. Je les avais plantés dans une plate bande ingrate, s'asséchant énormément en été, au pied d'une longue haie de laurier palme, et sous un noisetier. J'ai constaté cet automne les innombrables semis spontanés et l'ampleur qu'ils commencent à prendre dans cette zone où il faut s'armer de patience.
J'adore la fraicheur de leurs petites fleurs retroussées, roses et blanches, qui apparaissent dès fin août, et durent longtemps… longtemps (encore maintenant en novembre !) Le feuillage ne tarde pas à arriver, aussi séduisant que la floraison, formant un tapis vert, ciselé et marbré, vert argenté, complètement naturel dans cette zone que je traite en sous-bois. L'avantage de leur naturalisation est que l'ensemble se propage de façon très spontanée. Le feuillage disparait entièrement en été, laissant la place aux autres couvre-sol et vivaces.

Sauge Mystic Spires Blue et cyclamen de Naples
Sauge 'Mystic Spires Blue' et Cyclamen de Naples (novembre 2023 - ©Gwenaëlle Authier)

Ingrid : le Perovskia atriplicifolia 'Little Spire'

Voilà un certain moment que je lorgne sur les magnifiques Perovskia, plantés depuis quelques années dans ma commune au Nord de la France. Il y a quelques temps, j'ai sauté le pas (ou plutôt sorti la bêche) et j'ai jeté mon dévolu sur le ravissant Perovskia atriplicifolia 'Little Spire' pour son port compact, idéal pour les espaces restreints, typiques des jardins urbains comme le mien.

Ce que j'adore chez le 'Little Spire', c'est sa capacité à illuminer l'espace avec son feuillage gris-vert, aromatique et ses magnifiques fleurs lavande-bleues qui surgissent en été, faisant écho à ma lavande vraie plantée dans le même massif. Mon Perovskia apporte également de la verticalité, de la hauteur et du volume, créant un spectacle fascinant pour les yeux et attirant une myriade de pollinisateurs.

Sa robustesse est tout aussi impressionnante. Capable de s'épanouir dans une terre ingrate, ce champion du jardinage urbain résiste avec élégance aux conditions climatiques de ma région, entre la sécheresse estivale et l'humidité hivernale. Une simple taille annuelle le garde en forme, ce qui est parfait pour un jardinier qui aime la beauté sans complication (et comme moi sans trop de travail).

En somme, le Perovskia atriplicifolia 'Little Spire' est une véritable pépite pour les jardins aux terres ingrates et aux conditions climatiques difficiles. Son allure élégante, sa résilience et sa facilité d'entretien en font un choix incontournable.

Michaël : le Carex lenta ‘Osaka’

Cette année, je souhaite mettre en lumière une plante qui a capté mon attention : le Carex lenta ‘Osaka’. À première vue, cette variété japonaise peut sembler ordinaire avec son feuillage persistant vert classique. Il ne dispose pas d’un feuillage tapageur ni de couleur criarde et c'est précisément cette simplicité et son allure naturelle qui le rendent si spécial. Il forme des touffes hémisphériques denses, atteignant environ 50 cm en tous. Son feuillage fin, persistant, d’un vert émeraude retombe à la manière d’une cascade et offre du mouvement et du volume dans des massifs à l’ombre. En compagnie de fougères et d’hostas, sa présence crée une atmosphère de forêt enchantée, et elle pourrait composer les paysages féériques dans les films de Miyazaki, incarnant la beauté sauvage dans sa forme la plus pure.

Au-delà de son esthétique, cette plante joue un rôle écologique crucial au jardin. Grâce à son système racinaire profond et robuste, elle s’avère particulièrement adaptée aux sols lourds, contribuant à leur décompactage. Si bien qu’elle favorise l’établissement d’autres plantes, et de nombreux arbres spontanés tels que les frênes ou les charmes par exemple, qui trouvent des conditions idéales de croissance au cœur de ses touffes luxuriantes.

Le Carex lenta ‘Osaka’ est une merveille qui mérite une place de choix dans nos jardins. Sa beauté naturelle, sa robustesse et son rôle écologique en font un choix idéal pour les jardiniers amateurs comme confirmés, désireux d'apporter une touche de nature sauvage et poétique à leur environnement.

Le feuillage fin, vert émeraude, du Carex 'Osaka'
Carex lenta 'Osaka'

Aurélien : le Ptelea trifoliata

Voici un beau petit arbre ou grand arbuste qui a trouvé sa place dans mon jardin il y a quelques années, et qui ne cesse de me ravir depuis : l’orme de Samarie ou Ptelea trifoliata.  Encore peu connu, c’est pourtant une espèce d’avenir.

Notons tout d’abord qu’il n’a rien d’un orme, puisqu’il est proche des agrumes – il appartient à la famille botanique des Rutacées. Il ne vient pas davantage de Samarie (ancienne région du Proche-Orient), mais bien d’Amérique du Nord !

Cette espèce multiplie les qualités : de croissance rapide, elle forme rapidement un élégant petit arbre de 4-6 m, dont les grandes feuilles de « trèfle », caduques, dispensent une ombre légèreSon écorce sombre est très ornementale. Elle nous gratifie également, en fin de printemps, d’une discrète mais délicieuse floraison au fort parfum d’héliotrope. Côté exigences, elle n’est guère difficile : tout sol convenablement drainé, même un peu calcaire, fera son bonheur. Que l’été soit chaud ou l’hiver humide, l’orme de Samarie demeure en outre imperturbable : sa résistance au sec est aussi bonne que sa rusticité – rappelons qu’il pousse du Mexique jusqu’au Canada, ce qui explique son extrême adaptabilité… 

Enfin, cette plante tolère bien la taille, on peut donc lui donner une allure très raffinée par une légère taille de transparence, ou bien la recéper de temps en temps. Sa repousse est alors fulgurante, au moins un mètre par an !

Cerise sur le gâteau : il existe une variété ‘Aurea’, qui se distingue par son feuillage d’abord doré puis chartreuse. C’est l’un des rares feuillages dorés à ne pas brûler au soleil, et c’est pourquoi elle a ma préférence. Dans le jardin, elle est donc tout naturellement venue s’installer dans un massif principalement animé par des floraisons jaunes et violettes, qui font contraste ou écho aux teintes citronnées de son feuillage. Un régal !

Ptelea trifoliata

Olivier : l'Ajuga reptans 'Tropical Toucan'

C'est super les bugles ! Si, si, je vous assure. Vous plantez un petit bout de plantule au printemps, vous l'oubliez, sciemment ou non, et quelques mois plus tard, vous obtenez un couvre-sol d'une surface d'un bon mètre carré. Et là, vous allez me dire : "non, mais c'est bon, on connait les Ajuga reptans. Cet énergumène ne va quand même pas nous parler de cette plante aussi commune." Eh bien si, tout à fait, mais pas de n'importe quel Ajuga : l'Ajuga reptans 'Tropical Toucan'. Non seulement, il est particulièrement vigoureux même pour un Ajuga, mais de plus, il arbore fièrement un feuillage jaune-verdâtre sur des tiges rougeâtres et une superbe floraison bleu cobalt. Contraste assuré !

J'en ai planté une petite tout d'abord à mi-ombre et celle-ci s'est largement étalée très rapidement. Galvanisé par ce succès, je me suis permis d'en implanter des petits bouts racinés issus de la "plante-mère" dans les recoins les plus problématiques de mon jardin, c'est-à-dire, à l'ombre et dans un sol lourd et relativement sec. Verdict : même comportement que maman, ça pousse vite et c'est formidable pour éclairer ces petits coins ingrats du jardin. Seule ombre au tableau, cette variété n'est pas encore très facile à trouver. Même chez Promesse de fleurs, elle demeure, pour l'instant du moins, aux abonnées absentes. Toutefois, n'hésitez pas à farfouiller les étals des pépiniéristes spécialisées en vivaces, notamment dans les fêtes des plantes. Il y a fort à parier que vous pourriez l'y dénicher. Mais d'autres variétés d'Ajuga à feuillage doré existent, vous pouvez les retrouver au sein de notre pépinière : Bugles à feuilles jaunes. D'ailleurs et pour info, 'Tropical Toucan' est très proche d'un autre ajuga, l'hybride 'Fancy Finch', mais qui affiche des feuilles plus petites et plutôt bronze-doré.

plante preferee de l annee Olivier
L'Ajuga 'Tropical Toucan' en pleine floraison (mai 2023 - ©Allard Olivier)