Le Kusamono : des compositions végétales venues du Japon

Kusamono Késaquo ?

Le Kusamono, également appelé « Bonsaï d’herbe » ou « Kusabonsaï », véritable œuvre végétale issue de la tradition d’art floral japonaise, s’inspire de la nature sauvage. Signifiant littéralement « chose d’herbe » ou « brin d’herbe », cet art met en scène des compositions de graminées, de plantes herbacées ou sauvages, souvent disposées en solitaire dans un petit contenant. Chaque composition évoque un paysage ou une saison spécifique. C’est un art minimaliste qui privilégie la simplicité et l’authenticité de la nature. Il peut être utilisé seul ou comme complément d’un bonsaï. L’objectif du kusamono est de capter l’esprit de la nature sans artifice, avec une disposition qui semble spontanée et naturelle. Chaque composition est pensée pour être éphémère, changeant au fil des saisons, et doit apporter une sensation de sérénité et d’harmonie.

Il se différencie de l’Ikebana, qui est un art floral plus structuré, où des fleurs coupées sont arrangées selon des règles précises, symbolisant l’harmonie entre ciel, terre et homme. Autre nuance, le Kusamono est exposé seul, mais lorsque celui-ci est présenté avec un bonsaï, il devient alors « Shitakusa », plante d’accompagnement ou plante d’accent qui met en valeur l’arbre miniature.

Un kusamono avec des fougères, fraisiers, mousses et lichens

Pourquoi cultiver un Kusamono ?

Le Kusamono incarne profondément le concept japonais de « wabi-sabi », qui célèbre la beauté dans l’imperfection, l’éphémère et le passage du temps. En cultivant un Kusamono, on cherche à capter l’esprit de la nature, tout en embrassant les concepts de dépouillement et d’impermanence, symbolisés par le « wabi-sabi ». Chaque composition reflète cette philosophie à travers des plantes simples, des plantes alpines ou des champs, des graminées ou des vivaces fleuries qui, en grandissant, en fanant ou en changeant avec les saisons, rappellent la fragilité de la vie. Le Kusamono doit porter les marques du temps, que ce soit à travers l’aspect usé des pots en terre cuite, l’apparition de mousses ou encore le dépouillement naturel des plantes. Il ne s’agit pas simplement de cultiver des plantes, mais de célébrer la nature dans sa forme la plus modeste et la plus authentique.

Quel pot pour mon Kusamono ?

Le choix du pot est essentiel pour réussir un Kusamono. Privilégiez des pots peu profonds, plus larges que hauts, et plutôt ronds ou ovales. Il est aussi important de choisir une couleur sobre qui ne détourne pas l’attention des plantes elles-mêmes. Le pot doit s’effacer pour mieux sublimer la composition. Côté matière, privilégiez la céramique émaillée. Parfois un bois flotté, une tuile, un morceau d’écorce, une poterie ou une lauze, sorte de pierre plate brute, peuvent aussi servir de support. Assurez-vous également que le pot possède des trous de drainage pour éviter que l’eau ne stagne au niveau des racines.

Corydale et fraisier

Comment faire un Kusamono ?

Créer un Kusamono demande de la patience et une certaine sensibilité à l’esthétique naturelle. L’essentiel est de choisir des plantes en accord avec la saison et de les disposer de manière équilibrée, sans rigidité.

• Commencez par préparer votre pot avec un bon drainage. Placez une fine couche de gravier au fond, puis ajoutez un substrat adapté aux besoins des plantes choisies. Il sera léger, composé d’un mélange de terreau (ou de tourbe blonde, avec un peu d’écorce de pin pour les plantes acidophiles) et de sable pour assurer un bon drainage.
• Positionnez ensuite vos plantes, en tenant compte de leur hauteur et de leur forme pour créer une composition harmonieuse. Elles doivent être combinées par nombres impairs. Placez la plus haute au fond, et la plus petite au premier plan.
• Installez votre Kusamono à l’ombre ou au soleil tamisé.
• L’arrosage doit être régulier, mais sans excès, pour éviter que les racines ne pourrissent.

Quelle plante pour mon Kusamono ?

Pour créer un Kusamono adapté à chaque saison, il est important de choisir des plantes dont les besoins sont compatibles. On sélectionnera donc des espèces issues du même milieu naturel, qui partagent les mêmes besoins en termes de soins (eau, lumière, substrat), afin que votre composition reste durable et facile à entretenir. Enfin, privilégiez des plantes de petite taille qui s’adaptent à la culture en pot, pour maintenir l’équilibre et l’harmonie de la composition. L’idéal est de combiner différentes textures (mat, lisse, brillant ou dentelé) et hauteurs (herbe haute, plante moyenne, et couvre-sol) pour un effet naturel et spontané. Le choix se portera sur des plantes alpines ou des champs, des mousses ou des fougères, des vivaces fleuries, des plantes sauvages glanées dans la nature : fraisiers sauvages, trèfles, fleur des elfes (Epimedium), violettes… et des graminées. Pour compléter votre composition, vous pouvez utiliser des mousses et des écorces de pin. Les mousses évoquent un sous-bois ou un paysage humide, tandis que les écorces de pin ajoutent une texture rustique et naturelle, créant un contraste intéressant avec les plantes. Elles permettent également de maintenir l’humidité autour des plantes. Voici une sélection non exhaustive de plantes pour composer un Kusamono des 4 saisons :

• Graminées : Carex, Festuca, Hakonechloa, Paturin, Ophiopogon japonicus.
• Fleurs sauvages : Viola (Violette), Bellis (Pâquerette), Primula (Primevère).
• Vivaces : Alchemilla, Anémone, Armeria, Bergenia, Calluna, Campanula, Cyclamen, Gaura, Heuchera, Hostas, Trifolium, Myosotis, Saxifraga, Iris japonica.
• Bulbeuses : Crocus, Galanthus nivalis, Muscari, Oxalis, Narcisse.
• Succulentes : Crassula, Delosperma, Joubarbe, Sedum, Umbilicus rupestris.
• Fougères (Dryopteris, Selaginella) et lichens.
• Plantes alpines : Androsace, Saxifraga, Gentiane, Draba, Aquilegia.

Oxalis et narcisse

L’entretien du Kusamono

Entretenir un Kusamono demande attention et régularité, car il s’agit de compositions vivantes qui évoluent au fil des saisons.

Arrosage

L’arrosage est essentiel, mais il doit être mesuré. Les plantes du Kusamono poussent dans des pots peu profonds, ce qui signifie que le substrat sèche rapidement. Il est donc important de vérifier régulièrement l’humidité de la terre. Arrosez lorsque la surface du substrat commence à sécher, mais sans noyer les racines. Privilégiez l’arrosage doux avec un vaporisateur ou un arrosoir à embout fin pour ne pas perturber la disposition des plantes.

Lumière et emplacement

Le Kusamono a besoin d’une lumière modérée. Un emplacement lumineux sans soleil direct est idéal. Évitez les endroits trop exposés, car cela risquerait de brûler les feuilles, surtout pour les plantes délicates comme les fougères ou les mousses. En intérieur, placez-le près d’une fenêtre bien éclairée, tout en veillant à ne pas le soumettre à des courants d’air ou à des températures extrêmes.

Taille et nettoyage

Comme toute plante, le Kusamono demande un peu de taille pour conserver son aspect harmonieux. Retirez régulièrement les feuilles mortes ou fanées. Si certaines plantes deviennent trop envahissantes ou déséquilibrent la composition, n’hésitez pas à les tailler légèrement.

Soins saisonniers

Le Kusamono suit les cycles de la nature. Il est donc important d’adapter les soins à chaque saison. En hiver, réduisez l’arrosage et placez-le dans un endroit plus frais pour respecter le repos végétatif des plantes. Au printemps et en été, intensifiez l’arrosage et surveillez les besoins en nutriments. Un apport léger d’engrais organique au début du printemps peut aider vos plantes à repartir en pleine forme.