Réussir les pavots annuels et vivaces

La même règle d'or pour tous les pavots : une terre bien préparée et un sol drainé

Qu’ils soient annuels ou vivaces, les pavots ont des exigences bien particulières en ce qui concerne la qualité du sol. L’air de rien, ces plantes robustes nécessitent une terre bien préparée. Cela vient en grande partie de leur système racinaire très charnu, poussant à la verticale profondément dans le sol : ils font partie des plantes pratiquement indélogeables, qui n’aiment pas être déplacées.

Ils apprécient tous particulièrement, quelle que soit l’espèce, une terre limoneuse.
Quand on souhaite les voir bien pousser dans son jardin, un des premiers secrets est leur emplacement, car ils ont besoin de soleil (au moins 6 h par jour), mais le second secret est le soin que vous apporterez à la décompaction de la terre. On parle pour les pavots d’une terre profonde et meuble, légère et humifère à la fois, et surtout drainante. Ceci veut dire qu’il va falloir travailler et ameublir le sol en profondeur — au moins 20 cm —, mais aussi rajouter du compost ou du fumier bien décomposé et/ou un peu de graviers, pour assurer un bon drainage.

Dernière étape dans la préparation : vous amenderez votre sol s’il n’est pas assez riche si vous semez ou plantez des pavots d’Orient. Par contre, pour les pavots annuels et pavots de Californie, c’est une terre pauvre qu’ils préfèrent.

Concernant le pH du sol, peu importe, tous lui conviennent, avec une grosse préférence pour les sols calcaires en ce qui concerne les pavots orientaux.

→ Mon conseil : prévoyez trois à cinq plantations, ces fleurs s’étoffant au fil des années, et étant de courte durée de floraison (deux semaines environ). Il faudra d’ailleurs penser à intégrer d’autres vivaces ou bulbeuses qui prendront le relais pour regarnir la zone, car les pavots perdent tout leur feuillage qui rentre en dormance tout l’été, laissant la zone à nu.

Le semis des pavots

Ce n’est, malgré ce que l’on peut penser, pas le semis de fleurs le plus facile.
On sème les pavots annuels entre mars et juin, ou en automne selon les régions, mais aussi les pavots vivaces, en ayant pris soin de conserver quelques capsules en fin d’été pour récupérer les précieuses graines.

Les pavots annuels comprennent une grande variété d’espèces, dont le très populaire pavot de Californie (Eschscholzia californica), bas et généralement orangé, mais aussi de nombreuses variations de coquelicots (Papaver rhoeas) et de pavots des jardins ou pavots à opium (Papaver somniferum) aux tons rosés, plus doux et certaines variétés à fleurs doubles.

• La date du semis des pavots orientaux, des pavots des jardins, des pavots de Californie et des pavots d’Islande (P. nudicaule) : elle sera optimum de mi-mars à fin avril selon les régions, ou surtout en septembre en climat doux. Printemps ou automne, attendez que le sol soit ou reste un minimum réchauffé, mais les pavots apprécient un peu de froid contrairement à d’autres graines pour germer, d’où une plantation automnale souvent plus efficace, car les plantes auront le temps de mieux développer leurs racines. Planter trop tard au printemps, c’est souvent obtenir des plants faiblards. Le semis en tout début automne, avec des températures fraiches, les aide à être plus costaud dans leur pousse, avec des tiges plus solides (mais toujours en plein soleil) : ceci vaut pour tous les pavots !
• Semis en place : il est à privilégier quand on a à sa disposition une grande quantité de graines. Les pavots sont connus pour ne pas bien apprécier la transplantation, même au stade de plantule. Pour éviter ce repiquage, plantez directement en pleine terre, pas trop riche pour les annuels et plus riche pour les vivaces. Si vous plantez en pot ou en terrine, optez pour des godets biodégradables et placez-les dans un emplacement lumineux, mais sans soleil direct. Commencez par humidifier légèrement la zone.
• Semez très superficiellement : les graines de pavot, très fines, ont besoin de lumière pour germer. Si elles sont enfouies trop profondément, elles ne germeront pas. Recouvrez-les à peine de terre ou de terreau passé au tamis (2 mm, pas plus) et tassez très légèrement à la main.
• Arrosez légèrement lors du semis, puis attendez que la terre redevienne sèche en surface avant d’arroser à nouveau. Il ne faut surtout pas que la terre soit détrempée. Il convient d’arroser au moins jusqu’à la levée des plantules s’il ne pleut pas.
• La germination prend entre 2 et 3 semaines à une température de 15°C.
• N’hésitez pas à couvrir vos semis en pleine terre d’une cloche en verre ou en plastique afin d’éviter que les graines soient dérangées par les oiseaux. Vous aérerez dans l’après-midi et reposerez la cloche pour la soirée. Si vous avez semé en terrine, endurcissez vos plants un minimum avant de les planter en pleine terre.
• Dès que les plantules lèvent et font 2 paires de feuilles, éclaircissez-les pour ne retenir qu’un pavot tous les 20 cm, afin qu’ils ne se concurrencent pas. Pour les semis effectués en terrine, transplantez-les dès qu’ils ont formé de vraies feuilles.

→ Mon conseil : échelonnez les semis pour en profiter sur plusieurs semaines !

La plantation des pavots vivaces

Plus facile à première vue que le semis, la plantation demande néanmoins plusieurs conditions et c’est assurément l’étape la plus compliquée. Car si vous réussissez bien leur plantation, les pavots vous le rendront au centuple en revenant plus généreux, année après année.

• La date de plantation d’un petit godet ou d’un pavot en pot : rappelez-vous que les pavots détestent l’humidité hivernale au niveau de leurs racines. Privilégiez l’automne, en septembre ou octobre idéalement, ou bien plus tard en mars-avril pour les régions aux hivers humides, toujours en dehors de périodes de gel.
• Préparez les trous de plantation, à 40-50 cm de distance, car ils vont former de belles touffes et prendre beaucoup de place au sol, en creusant des espaces au moins deux fois plus grands en largeur et en profondeur que les contenants.
• La terre devra être plus riche et fertile que pour les pavots annuels, c’est la grande différence entre les deux types de pavots : ajoutez à votre terre du compost.
• Bassinez la motte de chaque godet ou pot en faisant tremper quelques minutes les contenants directement dans une bassine d’eau. Puis égouttez-les avant de les dépoter.
• Déposez les pots ou les godets dans le trou préparé, avec une couche de terreau au fond, en prenant soin de ne pas enterrer le collet (limite entre la tige et la racine) de chaque plante. Remplissez avec la terre mélangée à du terreau et du compost en parts égales.
• Arrosez et paillez pour garder la fraîcheur au sol (avec du mulch, du BRF, etc).
• Placez entre les pavots des vivaces ou des bulbes d’été qui combleront l’espace laissé vide une fois leur floraison terminée.

Quelques autres petites choses à savoir sur les pavots...

• Les pavots vivaces demandent souvent deux ans pour bien installer leur système racinaire profond. Donc patience, patience… D’autant que les pavots vivaces vivent ensuite très longtemps.
• Quand ils se plaisent, les pavots, qu’ils soient annuels ou vivaces, se disséminent naturellement par propagation des graines : une fois qu’ils sont bien installés, ôtez une grande partie des fruits, sinon gare à l’invasion ! (les graines des annuels vont supporter les températures froides de l’hiver).
• C’est une plante qui ne demande peu d’entretien (hormis de tailler à ras la hampe florale), ni de fertilisation (si vous avez effectué sa plantation dans les règles de l’art), ni de protection pendant l’hiver, car ils sont très rustiques.
• Si vous supprimez bien les fleurs fanées dès la défloraison, vous aurez des chances de voir vos pavots orientaux refleurir en septembre, si l’arrière-saison est douce.
• La floraison sera plus généreuse en sol pauvre pour les pavots annuels et les pavots de Californie.
• Dans les régions du sud aux étés très chauds, évitez de planter les pavots orientaux qui réussissent le mieux dans des climats tempérés à frais, d’où leur succès en Angleterre.
• Nous ne parlons ici que de plantation en pleine terre, où tous les pavots, notamment les vivaces, s’épanouiront beaucoup mieux. Les plantations en potée ne pourront concerner véritablement que les pavots d’Islande.
• Certains pavots sont très difficiles de culture, comme le pavot bleu de l’Himalaya, qui ont des besoins différents : une exposition mi-ombragée, un sol très frais, voire humide, et très bien drainé (en savoir plus dans comment réussir le pavot bleu de l’Himalaya ?). Quant au pavot d’Islande, de petite taille aux tons chauds, c’une vivace qui a toutefois tendance à se comporter en annuelle ou bisannuelle, et disparaitre après floraison. Pour remédier à cet écueil, plantez le bien en sol sec, très drainé et pauvre et caillouteux, ce dont il a absolument besoin.

N’oubliez pas de pailler vos pavots orientaux ou somnifères.